Tests de l’eau potable : des PFAS dans 80% de nos prélèvements

À l'initiative du député Nicolas Thierry et du parti Les Écologistes, des citoyen·nes se sont mobilisé·es pour tester la qualité de l'eau potable dans 26 communes afin d’évaluer la présence de PFAS. Les résultats de ces analyses publiés par Mediapart révèlent la présence de polluants éternels dans 80% des prélèvements.

 PFAS, pourquoi tant d'inquiétudes ?

Les PFAS, également connus sous le nom de "polluants éternels", sont des composés chimiques utilisés depuis les années 40 pour leurs propriétés anti-adhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs et presque indestructibles. Ces substances se retrouvent dans de très nombreux produits de la vie quotidienne tels que textiles, poêles, cosmétiques, peintures, médicaments et mousses anti-incendie. La famille des PFAS compte entre 4 000 et 12 000 types différents ! 

Leur présence persistante dans l'environnement et les organismes vivants soulève depuis de nombreuses années, de sérieuses préoccupations de santé publique.  Plusieurs études révèlent que l'exposition chronique à certains types de PFAS, notamment le PFOA et le PFOS, peut entraîner des risques graves pour la santé. Actuellement, la réglementation sur les PFAS est limitée en France et en Europe, avec seulement l'interdiction du PFOA depuis 2020 et des restrictions sur le PFOS depuis 2009. La production et l'utilisation du PFHxS ont été interdites par l'Union européenne le 7 avril 2022. Cependant, la majorité des PFAS restent encore produits, vendus et utilisés, et on relève encore la présence du PFOA et du PFOS dans l'environnement et les organismes. 

Sur les PFAS recherchés (ceux de la directive européennes REACH), 7 PFAS différents ont été détectés, notamment le PFOS substance classée “cancérogène probable” interdite depuis 2009 mais présente dans 11 des 26 prélèvements. 

Face à cette réalité inquiétante, à l’instar de nombreuses associations et scientifiques, Les Ecologistes appellent à une réglementation ambitieuse sur les PFAS. 

C’est pourquoi nous avons lancé une étude dans 26 villes de France pour tester la présence de PFAS dans l’eau potable.

Notre étude

Après celle réalisée sur les cheveux de 152 personnes révélant la présence de PFAS dans 94% des échantillons, cette nouvelle étude confirme que les PFAS sont partout dans notre environnement. Selon Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes “les résultats de nos tests de 20 PFAS, sur une famille de produits qui en comporte des milliers, confirment que les tests et la réglementation doivent aller beaucoup plus loin. C’est le sens de la proposition de loi de notre député Nicolas Thierry qui sera débattue et votée ce jeudi 4 avril à l’Assemblée".

Alors que cette proposition de loi visant à protéger la population contre les PFAS avait été plutôt bien reçue en Commission mercredi dernier, la contre-offensive des lobbies et de certains élus se fait de plus en plus entendre. Le groupe SEB (qui détient notamment Tefal) agite la menace de la perte d’emplois et fabrique le doute quant à la nocivité des PFAS. Ils vont jusqu’à payer leurs salarié·es et affréter des bus pour manifester devant l’Assemblée ce mercredi après-midi. 

Des amendements de suppression de certaines dispositions de la loi ont été déposés ce week-end et des député·s en viennent même à contredire leurs prises de position passées sur les PFAS pour amoindrir la portée du texte.

Tout comme le scandale de l’amiante avait engendré une levée de boucliers de la part des industriels pour empêcher quelconque réglementation, les polluants éternels font l’objet des mêmes stratégies agressives de lobbying. 

Le député Nicolas Thierry qui travaille avec son équipe depuis un an sur cette proposition de loi, déclare: “le scandale des polluants éternels est connu depuis plus de 25 ans aux États-Unis et pourtant, rien n'a été fait en France depuis tout ce temps. Outre-atlantique, les responsables de cette pollution aux PFAS sont même prêts à payer des milliards d'euros pour échapper aux procès. Cela montre bien l'ampleur du phénomène. Cette loi répond à une urgence sanitaire indiscutable, comme l’atteste toute la littérature scientifique publiée sur le sujet depuis des dizaines d’années. Son adoption représenterait une avancée majeure en termes de santé publique et de responsabilisation des pollueurs”.

Rendez-vous ce jeudi 4 avril pour assister aux débats lors de la niche parlementaire écologiste.