La mort d’Anicet Ekane doit être le signal d’une mobilisation massive pour la démocratie au Cameroun
C’est avec émotion et indignation que nous avons appris le décès en détention d’Anicet Ekane, président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), survenu le 1ᵉʳ décembre 2025, à Yaoundé.
Hommage et reconnaissance de son engagement
Anicet Ekane, 74 ans, a consacré près d’un demi-siècle de sa vie à la lutte pour la démocratie, la justice sociale et l’indépendance réelle de son pays.
Militant dès les années 1980, fondateur du MANIDEM en 1991, il a été à de nombreuses reprises emprisonné, survivant à des périodes d’exil, de prison et de répression.
Son engagement constant, sa parole critique contre l’autoritarisme, et sa détermination à promouvoir une alternative politique au régime en place lui avaient valu le respect des démocrates camerounais.e.s et des observateurs internationaux.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches, à ses camarades et à tous ceux qui espèrent un Cameroun libre et démocratique.
Les circonstances inacceptables de sa mort en détention
Anicet Ekane a été arrêté le 24 octobre 2025 à Douala, dans le sillage d’une répression post-électorale contre ceux qui contestaient la réélection de Paul Biya, et soutenaient Issa Tchiroma Bakary.
Il fut transféré à la prison du Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé, où il séjourna pendant 38 jours avant de mourir.
Selon ses avocats et sa famille, M. Ekane souffrait de graves problèmes respiratoires. Au moment de son arrestation, son extracteur d’oxygène, essentiel à sa survie, aurait été confisqué, puis restitué plus de quatre semaines plus tard, alors que son état s’était fortement dégradé. Pendant toute sa détention, il n’aurait pas bénéficié des soins nécessaires, malgré les alertes répétées de ses avocats.
Pour l’ensemble de ces faits, des organisations internationales, notamment Human Rights Watch, dénoncent une grave violation des droits humains.
Une tragédie qui s’inscrit dans une répression post-électorale plus large
Le décès d’Anicet Ekane s’inscrit dans un contexte de brutalité institutionnelle : des centaines d’arrestations arbitraires, des poursuites pour insurrection et rébellion contre des personnalités politiques et des manifestant.e.s, et des violences meurtrières pour disperser les manifestations contre les résultats contestés de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
Cette mort vient s’ajouter à une série d’alertes sur la dégradation des droits fondamentaux au Cameroun, et elle confirme le caractère systémique des pratiques répressives du régime actuel.
Nos demandes : vérité, justice, garanties démocratiques
Les Écologistes demandent avec force :
- Le respect de la volonté de la famille : l’autopsie planifiée par les autorités le 2 décembre a été refusée par la famille, qui conteste la légitimité d’une enquête menée par l’État seul. Nous soutenons ce refus et réclamons une autopsie contradictoire, réalisée par des médecins indépendants, pour que la vérité soit faite.
- L’ouverture d’une enquête internationale, impartiale et transparente sur les conditions de détention, l’accès aux soins, les responsabilités, et plus largement sur la répression post-électorale.
- La libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement depuis l’élection présidentielle, et la levée des poursuites politiques contre les opposants, manifestants et défenseurs des droits.
- Un engagement concret de la communauté internationale, notamment de l’Union européenne et de la France, pour faire pression sur Yaoundé, garantir la sécurité des militant·e.s, protéger les libertés fondamentales, et soutenir la transition vers une vraie démocratie.
La mort d’Anicet Ekane ne doit pas rester un crime silencieux. Elle doit être le signal d’une mobilisation internationale massive pour la justice, la démocratie, et les libertés au Cameroun.
Les Écologistes réaffirment leur solidarité avec le peuple camerounais, les familles des victimes de la répression, et tous les défenseurs des droits ; ils resteront aux côtés de ceux qui luttent pour un Cameroun libre, digne et respectueux de ses citoyens.
Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes
La commission Transnationale Les Écologistes