Journée du souvenir trans : mémoire, colère et solidarité
« Je suis fatiguée du langage du deuil, et je suis fatiguée d’être en colère », écrivait Kai Cheng Thom. Cette fatigue, c’est celle de toutes les personnes trans et non-binaires à qui l’on demande chaque année d’endurer l’insupportable : compter leur mort·es et de continuer à avancer malgré l’effroi.
En cette Journée du Souvenir Trans, Les Écologistes affirment leur engagement envers la mémoire des personnes trans* disparues à la suite de meurtres, de suicides et de toutes les conséquences intrinsèques à la société transphobe, souvent dans l’indifférence ou la banalisation.
Partout dans le monde, les mêmes mécanismes se répètent : assassinats ciblés, impunité systémique des agresseurs, criminalisation des existences trans*, restriction de l’accès aux soins de transition, précarisation économique, campagnes de haine orchestrées ou tolérées par des autorités politiques, médiatiques et religieuses.
En Chine, l’État persiste à pathologiser les identités trans* et à réprimer toute revendication, via des pratiques dites « thérapeutiques » opérées dans des centaines de cliniques qui perpétuent la violence institutionnelle. En Italie, dans la continuité de ses attaques à l’encontre des familles lesbiennes, le gouvernement d’extrême-droite s’efforce à réduire à l’invisibilité les existences trans* avec comme mantras la « protection des enfants ». Aux États-Unis, l’administration Trump a multiplié les dispositifs visant à effacer légalement l’existence des personnes trans* : attaques contre les changements d’état civil, menaces sur l’accès aux traitements hormonaux, campagnes idéologiques alimentant une hostilité massive dans l’espace public. Cette dynamique contribue à une atmosphère de persécution d’ampleur continentale, qui ne risque pas de s’améliorer. Ailleurs dans le monde, même des gouvernements se revendiquant « progressistes » laissent les personnes trans livrées à la précarité, à l’isolement, à des systèmes de santé hostiles et à la montée des discours réactionnaires.
En France, la situation demeure alarmante. Malgré la publication par la Haute Autorité de Santé de premières recommandations pour les adultes trans, le quotidien des personnes concernées ne s’améliore pas. L’accès aux soins reste un parcours d’obstacles : délais interminables, médecins formés au compte-gouttes, hostilité dans certains services, ruptures de droits. Et pendant que la HAS repousse à 2026 ses recommandations pour les mineur·es du fait des offensives transphobes, les jeunes trans sont laissé·es sans cadre clair, exposé·es à la précarité, aux violences familiales et institutionnelles, et à l’inaction politique. Dans un pays où les discours transphobes gagnent du terrain dans les médias comme dans l’arène politique, nous réaffirmons que les existences trans ne sont pas un sujet de débat.
Les Écologistes poursuivent leur appel auprès du bloc central pour inscrire à l’ordre du jour la proposition de loi sur la déjudiciarisation du changement de mention de sexe, première étape essentielle pour garantir les droits et l’autodétermination des personnes trans.
Cependant, si ces violences traversent les frontières, notre solidarité aussi. Nous affirmons notre soutien aux organisations trans qui, partout, mènent un travail essentiel — souvent sans ressources, souvent sous la menace, souvent dans la solitude politique. Nous sommes aux côtés des personnes trans qui continuent de vivre et de résister malgré les attaques, malgré les lois qui les visent, malgré la peur. Et nous honorons celles et ceux qui ne sont plus là, celles et ceux que nos sociétés n’ont pas su protéger.
Les Écologistes appellent à se mobiliser partout en France, et à se rendre dans les différents rassemblements.
Les Écologistes continueront à défendre une société où l’autodétermination, la sécurité, la santé, les droits fondamentaux et la dignité des personnes trans ne seront jamais négociables.
Ce 20 novembre n’est pas seulement un jour de recueillement. C’est un jour de lutte, de colère et de solidarité internationale. C’est un rappel que la mémoire est un outil de résistance, et que le combat pour la justice trans est un combat pour l’ensemble de la société.
Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes
La Commission LGBTQIA+
La Commission Féminisme