Fonds mondial : Les Écologistes appellent la France à ne pas abandonner la lutte contre le VIH/sida et la santé mondiale

Vendredi 21 novembre se tenait à Johannesburg la 8e conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Ce Fonds, instrument international central de la santé mondiale depuis plus de 20 ans, a déjà permis de sauver près de 70 millions de vies, de réduire de 63 % la mortalité liée à ces trois pandémies, et d’assurer des traitements, des dépistages et des programmes de prévention dans plus de 100 pays.

La France, pourtant deuxième contributrice historique, a brillé par son absence. Emmanuel Macron n’a pas participé au sommet, et aucune promesse de contribution de notre pays n’a été renouvelée pour la période 2026-2028.

Cette absence est d’autant plus frappante que le G20 se tenait à quelques kilomètres seulement. À l’heure où de géants donateurs comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni s’étaient déjà engagés - certes avec une baisse de leur engagement -, l’absence française résonne comme une défection. La France a fléchi là où son rôle était pourtant crucial. Jamais un président français n’a manqué cet appel. Et pour cause : sans l’engagement de la France, des millions de vies sont directement menacées.

Cette crise survient alors même que la lutte mondiale contre le VIH/sida traverse un choc sans précédent. Depuis le début de l’année 2025, la suspension totale du programme américain PEPFAR – qui représentait à lui seul 58 % du financement mondial de la lutte contre le VIH/sida – a déjà causé, selon l’ONUSIDA, des dizaines de milliers de décès et menace de laisser se propager des millions de nouvelles infections dans les années à venir. Si cette suspension devenait définitive, l’ONUSIDA estime qu’il pourrait y avoir 6,3 millions de décès supplémentaires liés au sida, 3,4 millions d’orphelins, 350 000 nouvelles infections chez les enfants et 8,7 millions chez les adultes d’ici 2029, rendant impossible l’objectif d’éliminer le sida comme menace pour la santé publique d’ici 2030.

La situation est tout aussi dramatique pour l’aide internationale au développement des Etats-Unis en matière de santé : une étude universitaire publiée dans la revue médicale The Lancet montre que la suspension de l’USAID pourrait provoquer plus de 14 millions de morts supplémentaires d’ici 2030, dont 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans, et 700 000 décès infantiles supplémentaires par an.

Alors qu’il faudrait redoubler d’efforts pour compenser le retrait des États-Unis et inciter les financeurs privés à maintenir ou accroître leurs contributions, la France choisit au contraire de se désengager, comme sur l’aide publique au développement – qui finance des actions de terrain – encore en baisse avec une nouvelle coupe annoncée de 700 millions pour 2026. Avec ce futur budget, l’aide publique au développement aura perdu plus de la moitié de son budget en deux ans.

Le résultat est sans appel : le Fonds mondial n’a reçu que 11,34 milliards de dollars de promesses, soit 4 milliards de moins qu’en 2022, très loin des 18 milliards nécessaires. Selon les associations, cette insuffisance compromet notamment l’accès aux traitements pour près de 3 millions de personnes vivant avec le VIH.

Politiquement, ce retrait rompt avec l’engagement historique de la France initié par le Président Jacques Chirac. En 2019, Emmanuel Macron avait présidé la conférence de reconstitution du Fonds mondial, affichant un leadership international fort et garantissant un financement significatif de 1,3 milliard d’euros. Vendredi, par une décision incompréhensible, le Président de la République a abdiqué ce leadership au moment même où les besoins sont les plus pressants, la crédibilité de la France sur la scène mondiale s’en trouvera durablement affaiblie.

Les Écologistes appellent le Président de la République à se montrer à la hauteur des responsabilités qui lui incombent et de l’Histoire et à annoncer une contribution au Fonds mondial qui se maintienne au moins au niveau de 2022.

Les Écologistes rappellent que la santé mondiale doit être une priorité et non une variable d’ajustement du budget, et appelle notamment le Gouvernement à mettre en œuvre une politique de solidarité et d’accès aux soins pour toutes et tous, pour parvenir à l’objectif fixé : un monde sans sida en 2030.


Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes

La commission LGBTQIA+ Les Écologistes

La commission Santé Les Écologistes

La commission Transnationale Les Écologistes