La France doit s’engager dans une diplomatie respectueuse de la souveraineté et de l’Etat de droit à Madagascar

Les Écologistes prennent acte d'un certain infléchissement dans la diplomatie française à l'égard de Madagascar. Le communiqué du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères du 15 octobre 2025, soucieux des ”aspirations profondes du peuple malgache, et en particulier celles de sa jeunesse, à une vie meilleure, plus juste et plus digne”, mais aussi la présence de l'ambassadeur français lors de l'investiture du nouveau président le colonel Michaël Randrianirina, semblent marquer une distanciation bienvenue vis-à-vis du régime d’Andry Rajoelina. Elle ne doit pas valoir pour autant validation immédiate du nouveau pouvoir dirigé par un militaire. A cet égard, le choix du nouveau premier ministre est vivement dénoncé par les jeunes malgaches de la GenZ. Selon eux, ce choix aurait été fait “sans dialogue et sans transparence” et "cette décision ne reflète ni l’esprit de rupture, ni la transition crédible que le peuple a réclamée".

Les signaux envoyés par la France peuvent être interprétés comme une reconnaissance implicite des erreurs passées de la diplomatie française : la non-dénonciation prolongée des abus du régime d’Andry Rajoelina en matière d’autoritarisme et de corruption, le financement hasardeux de certains projets profitant plus à des entreprises françaises qu’à la population (téléphérique, pêche, filières agricoles…) et l'exfiltration sous conditions d’Andry Rajoelina qui aurait été réalisée par des moyens militaires français.

Cependant, ces gestes demeurent insuffisants. La situation de crise à Madagascar, caractérisée par une dégradation continue de l'État de droit, des libertés publiques et de la situation socio-économique, exige une réponse plus robuste et une rupture plus nette avec les politiques antérieures.

Pour une sortie de crise pérenne et un véritable soutien au peuple malgache et à la GenZ qui a été là première à se mobiliser, Les Écologistes demandent que d'autres pistes soient étudiées et actionnées sans délai :

  • Un audit et une annulation de la ”dette odieuse” : Nous réaffirmons la nécessité d'un audit de la dette malgache contractée sous un régime dont la légitimité et la bonne gouvernance sont largement remises en question. La France doit soutenir activement le principe d'annulation de la dette reconnue comme ”odieuse” ou illégitime, afin de libérer des ressources essentielles pour le développement humain et écologique de Madagascar ;
  • La mise en place d'une Mission d'information parlementaire : Nous demandons l'ouverture, en France, d'une mission d'information parlementaire sur les relations franco-malgaches de ces dernières années, incluant les erreurs diplomatiques, les financements et les allégations d'exfiltration, afin d'établir la vérité et de tirer les leçons nécessaires sur les relations franco-malgaches et plus largement sur les relations bilatérales entre la France et les pays d’Afrique francophone ;
  • Un changement de posture diplomatique : La France doit marquer une volonté de changement radical dans sa relation bilatérale avec Madagascar et envoyer un signal fort, de nature à rétablir la confiance et à promouvoir une diplomatie plus en phase avec les aspirations démocratiques, sociales et écologiques du peuple malgache.
La France a ici une occasion exemplaire d’en finir avec de vieilles pratiques prédatrices et corruptrices en Afrique francophone. Les Écologistes appellent le gouvernement français à s'engager pour une diplomatie transparente, éthique et respectueuse de la souveraineté malgache, œuvrant concrètement pour la lutte contre la corruption, l'établissement d'une véritable démocratie et d’un véritable État de droit à Madagascar.

Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes

Les Écologistes - EELV Madagascar

La commission Transnationale des Écologistes