Suspension du chantier de l’A69 : une décision de justice majeure pour l’environnement

C’est une décision majeure et inédite : le tribunal administratif de Toulouse a annulé l’autorisation environnementale du projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Pour la première fois en France, une infrastructure routière de cette ampleur est stoppée en pleine construction, non par une décision politique, mais par la justice. Cette victoire juridique est un tournant dans la lutte écologiste et dans l’affirmation du droit environnemental face aux grands projets destructeurs.


Un projet climaticide imposé 

Le projet de l’A69 était une aberration écologique et économique. Il menaçait de détruire 300 hectares de terres agricoles, d’abattre des centaines d’arbres, et d’accélérer l’effondrement de la biodiversité locale. En contrepartie, il ne promettait qu’un gain de 20 minutes de trajet entre Castres et Toulouse, au prix d’un péage exorbitant de 17 € l’aller-retour, l’un des plus chers de France.

Ce projet ne répondait ni à un besoin de la population locale, dont 61 % des habitant·es des départements concernés souhaitaient son abandon (sondage IFOP), ni aux exigences de la lutte contre le réchauffement climatique. Il avait également suscité une mobilisation inédite de la communauté scientifique, avec plus de 2 000 chercheurs et membres du GIEC signant une lettre ouverte exhortant Emmanuel Macron à y renoncer.


Une décision qui marque l’histoire du droit environnemental

Le tribunal administratif de Toulouse a jugé illégale l’autorisation environnementale accordée au projet, notamment en raison des dérogations abusives permettant de porter atteinte aux espèces protégées et à leurs habitats. Cette décision crée un précédent majeur : jamais un projet autoroutier de cette envergure n’avait été stoppé par la justice alors que le chantier était déjà en cours.

Jusqu’à présent, les rares abandons de projets de grande ampleur – comme l’A45 Lyon-Saint-Étienne et l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en 2018 – avaient résulté de choix politiques. La suspension de l’A69 montre que la justice peut désormais jouer un rôle clé dans la défense du climat et de la biodiversité, forçant l’État et les entreprises à respecter réellement les engagements environnementaux.


Comme le souligne Christine Arrighi, notre députée Écologiste de Haute-Garonne et ancienne rapporteuse de la commission d’enquête sur l’A69 : « Aujourd’hui, nous assistons à la victoire des collectifs qui se sont engagés dans ce dossier pour défendre la biodiversité, mais aussi à celle du droit environnemental, qui se construit trop souvent après des infractions des constructeurs. » 

(Le Monde, A69 entre Toulouse et Castres : l’annulation de l’autorisation, un camouflet pour l’Etat et une décision majeure pour le droit environnemental)


Un État mis en échec, qui persiste dans son entêtement

Ce jugement est un désaveu cinglant pour le gouvernement, qui a soutenu ce projet malgré l’opposition locale et les alertes scientifiques. Plutôt que de tirer les leçons de cet échec, le ministère des Transports a immédiatement annoncé qu’il ferait appel et demanderait un sursis d’exécution pour tenter de relancer les travaux.

Les promoteurs du projet, eux, dénoncent une décision qui mettrait en péril 300 millions d’euros déjà investis sur un budget total de 450 millions d’euros, alors que 70 % des travaux ont été effectués. En cas d’abandon définitif, la question de la déconstruction du chantier déjà engagé se posera, et pourrait conduire le concessionnaire à se retourner contre l’État.


Une mobilisation citoyenne exemplaire, et une vigilance nécessaire.

Cette victoire est une victoire collective des militant·es, des collectifs citoyens, des associations et des élu·es écologistes, qui ont mené une bataille sans relâche sur le terrain et dans les tribunaux. Malgré les nombreux référés rejetés ces derniers mois, leur persévérance a fini par payer.

Mais la lutte est loin d’être terminée. L’État et les entreprises privées persistent dans leur volonté d’imposer ce projet coûteux et destructeur. Nous resterons mobilisés pour empêcher toute reprise du chantier et défendre un avenir où les projets d’infrastructure respectent enfin les exigences climatiques et écologiques.

Cette décision crée un précédent et envoie un message clair : l’époque des grands projets imposés et destructeurs est révolue. Le droit environnemental s’impose désormais comme un rempart face aux logiques productivistes qui menacent notre planète.

L’avenir du Tarn et de la France ne peut plus être dicté par des infrastructures pensées dans les années 1980. Il est temps de construire des alternatives de mobilité plus écologiques, plus justes et adaptées aux besoins réels des habitant·es.

Nous ne lâcherons rien. Cette victoire prouve que nous pouvons faire bouger les lignes et protéger notre avenir. 🌍✊