Lettre ouverte à Emmanuel Macron : Demande d’intervention urgente pour empêcher la destruction de contraceptifs destinés à des bénéficiaires de l’aide internationale



Monsieur le Président de la République,

Profondément préoccupées par l’imminente destruction de stocks massifs de contraceptifs financés par les États-Unis et entreposés actuellement à Geel, en Belgique, nous vous écrivons pour vous demander de suspendre immédiatement le projet de les incinérer en France.

Ces contraceptifs – principalement des implants et dispositifs intra-utérins – étaient destinés à des pays à revenu faible ou intermédiaire dans le cadre des programmes de l’USAID. D’une valeur de près de 10 millions de dollars, ils sont toujours utilisables (avec des dates de péremption allant jusqu’en 2031) et sont activement recherchés par des acteurs de terrain tels que l’UNFPA ou MSI Reproductive Choices, qui se sont déclarés prêts à les récupérer à leurs frais.

La décision des autorités américaines de les faire incinérer en France représente non seulement un gaspillage sanitaire et financier intolérable, mais aussi un affront aux principes fondamentaux de solidarité, de santé publique et de droits sexuels et reproductifs que la France s’est engagée à défendre.

À ce titre, nous vous demandons de prendre, en urgence, les dispositions suivantes :

1. Dans le cadre d’une initiative diplomatique conjointe avec la Commission européenne; demander la suspension de cette destruction, et proposer une médiation logistique avec les ONG disposées à acheminer ces produits vers les bénéficiaires initiaux ;

2. Exprimer un soutien politique explicite aux organisations humanitaires prêtes à redistribuer ces contraceptifs, dans l’esprit des engagements de la France en faveur de la santé et des droits des femmes dans le monde.

Cette affaire envoie un signal profondément inquiétant : à l’heure où les droits sexuels et reproductifs sont attaqués dans de nombreuses régions du monde, leur sabordage logistique – même indirect – affaiblit les acteurs de terrain et alimente les discours réactionnaires. L’inaction de la France dans ce dossier fragiliserait sa crédibilité internationale sur les questions de genre, de santé et de solidarité. Nous ne pouvons nous voir imposer, sur notre territoire, une idéologie anti-choix.

Monsieur le Président, notre pays ne peut donc se rendre complice, même indirectement, de politiques rétrogrades, ni tolérer que des ressources médicales vitales soient détruites alors qu’elles pourraient sauver des vies, prévenir des grossesses non désirées, et contribuer à l’autonomie des femmes.

Nous vous remercions par avance de l’attention urgente que vous porterez à cette situation. Nous restons à votre disposition pour en discuter davantage ou coopérer avec vos équipes sur les mesures concrètes à envisager.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'expression de notre considération distinguée.

Mélissa Camara
Députée écologiste européenne

Mélanie Vogel
Sénatrice écologiste des Français•es
de l'étranger

Marine Tondelier
Secrétaire nationale Les Écologistes

Marie-Charlotte Garin
Députée écologiste du Rhône