Stop aux inégalités spécifiques vécues par les femmes rurales !

Les violences conjugales touchent toutes les femmes, dans tous les milieux. Comme le rappelle le rapport “Femmes et ruralités: en finir avec les zones blanches de l’égalité” de la délégation aux droits des femmes du Sénat, alors qu’une Française sur trois vit dans ces territoires, les femmes vivant en milieu rural représentent près de 50% des victimes de féminicides.
35% des femmes en ruralité n’ayant pas accès aux transports publics, et 80% d’entre elles étant détentrices du permis de conduire (contre 90% des hommes), l’isolement géographique constitue un facteur aggravant de ces violences. Il rend difficile l’accès au système judiciaire et aux structures de soutien (associations, centres d’hébergement, services juridiques) pour les femmes qui sont victimes de violences conjugales.
A cela s’ajoute un isolement social : là où tout le monde se connaît, la crainte de parler, de chercher de l’aide, la peur de la stigmatisation, du rejet ou des représailles, renforcent l’isolement des victimes.
L’inégalité d’accès aux soins touche aussi durement les femmes en ruralité: 17,2% d’entre elles renoncent à des soins gynécologiques en raison du manque de professionnel·les de santé à proximité. Les “déserts médicaux” accentuent cet isolement, avec seulement 1,1 gynécologue pour 100 000 habitants en zones rurales, contre 14,2 dans les zones denses.
Concernant l’accès à l’IVG, rappelons qu’1 Française sur 4 est déjà contrainte de changer de département pour avorter, un phénomène qui s’aggrave en période estivale.
Et avec la fermeture de plus de 200 maternités entre 2000 et 2023, l’accès aux soins n’en est que plus compliqué, notamment dans les zones rurales éloignées des grands pôles urbains.
39% des femmes rurales travaillent à temps partiel, contre 29% des femmes au niveau national. L’accès à des emplois stables et qualifiés est limité en raison du manque d’opportunités dans les zones peu denses. Or, les jeunes filles sont davantage poussées que leurs frères à rester géographiquement proches de leurs parents en raison de l’injonction genrée au care (à prendre soin).
Alors qu’elles sont des actrices essentielles de la vie de nos campagnes, les femmes rurales sont très souvent les grandes absentes des récits politiques sur les ruralités, mais aussi des récits féministes.Dans les pays riches, à l’heure du vieillissement de la population, la grande majorité des aidant·es, des personnels soignant·es et des travailleur·euses de services à domicile sont des femmes.
En France, selon les chiffres des Chambres d’agriculture, les femmes ne représentent qu’un quart des chef·fes d’exploitations agricoles, soit le même niveau qu’il y a dix ans. La rémunération des femmes salariées souffrent d’écarts importants avec celles des hommes. Les pensions de retraite des travailleuses agricoles sont indignes, du fait notamment d’une inégalité de statut. L’accès au remplacement pour les arrêts maladie ou pour des congés maternité est souvent insuffisant. Le matériel agricole est très rarement adapté aux femmes et ces dernières sont surreprésentées pour certaines pathologies (maladies cardiovasculaires, Parkinson). (cf chiffres de la MSA)
Dans les pays pauvres, les femmes représentent la majorité des travailleur·es agricoles, sur des terres dont elles ont souvent un accès précaire.
Les femmes rurales sont largement exposées à la violence des politiques austéritaires et réactionnaires.
Eloignées des centres urbains où se développent les associations féministes et LGBT, les femmes rurales sont d’autant plus impactées par les fermetures des services publics, les coupes budgétaires décidées par certaines régions et départements, le non-soutien aux structures d’aide aux victimes, les attaques lesbophobes et transphobes qui mènent trop souvent à des drames, comme en témoigne le suicide de Caroline Grandjean, enseignante dans le Cantal, en septembre dernier.
Féminisme, ruralités, écologie : ces trois causes sont non seulement compatibles, elles sont aussi intimement liées entre elles. Afin de travailler ensemble à des débouchés politiques, rendez-vous à la formation de l’Académie Verte “Violences Sexistes et Sexuelles et Ruralités : quelles spécificités et comment agir ?” animée par Véronique PERRAIS PHILIPPE et organisée pendant les Universités des Ruralités Écologistes du 24 au 26 octobre 2025 à Coutances.
Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes
La commission Féminisme des Écologistes
La commission Agriculture et Ruralités des Écologistes