Soudan – El-Fasher : briser le silence sur le massacre et mettre fin à une guerre extractiviste
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre dévastatrice qui a ravagé le pays et ensanglanté ses terres, prolongeant des décennies de conflits meurtriers au Darfour, au Kordofan et au Soudan du Sud.
Cette guerre a déjà produit plus de 12 millions de déplacés internes et 750 000 réfugiés entassés dans 22 camps à l’Est du Tchad, autour de la ville d’Adré.
80 % de ces réfugiés sont des femmes et des enfants, dont la majorité sont déjà orphelins.
Elle oppose l’armée du général Abdel Fattah Al-Burhan, auteur du coup d’État contre-révolutionnaire du 25 octobre 2021, à la milice des Forces de soutien rapide (FSR) dirigée par Mohamed Hamdan Dagalo (dit Hemedti).
Cette milice, issue des Janjawid, responsables du génocide du Darfour dans les années 2000, perpétue aujourd’hui les mêmes méthodes de terreur : massacres, viols, pillages, destructions, déplacements forcés et accaparement des terres.
El-Fasher : l’horreur à ciel ouvert
Depuis la prise d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, les FSR ont tué au moins 1 500 civils, selon le Réseau des médecins du Soudan, dont 460 personnes dans un hôpital attaqué.
Des témoins racontent des scènes de cauchemar :
« Des cadavres jonchent les rues et personne ne les enterre. »
Plus de 36 000 habitants ont fui à pied vers Tawila, une ville déjà saturée par plus de 650 000 déplacés. Selon les Nations unies, les civils fuyant sont victimes de viols, d’enlèvements et d’extorsions.
Le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a dénoncé devant le Conseil de sécurité :
« Les niveaux catastrophiques de souffrance humaine ont sombré dans un enfer encore plus sombre. L’horreur continue… en toute impunité. »
Une guerre instrumentalisée par des puissances étrangères
Derrière le mot « guerre civile », se cache une guerre par procuration. Les Forces de soutien rapide bénéficient du soutien de puissances étrangères, notamment les Émirats arabes unis, accusés de financer et d’armer cette milice.
Ce conflit n’est pas seulement politique : c’est une guerre extractiviste pour le contrôle des ressources stratégiques du Soudan — or, pétrole, minerais, terres agricoles et gomme arabique.
Les massacres, les famines et les déplacements forcés sont utilisés comme armes de guerre pour vider les territoires et permettre leur appropriation économique.
Une tragédie humaine et écologique
Le Soudan subit une double peine : les ravages du changement climatique (sécheresse, raréfaction de l’eau, effondrement agricole) et les destructions de la guerre.
Les populations sont privées d’accès à l’eau, à la nourriture, à la santé. La guerre aggrave les déséquilibres écologiques et menace un effondrement durable des territoires du Darfour.
Le silence international est une faute morale.
Les Écologistes dénoncent l’inaction et le silence de la communauté internationale face à des crimes de guerre manifestes.
L’absence de sanctions, de corridors humanitaires et de véritables pressions diplomatiques alimente l’impunité.
Ne pas agir, c’est devenir complice.
Les Écologistes exigent :
- Un cessez-le-feu immédiat et des corridors humanitaires protégés.
- L’accès sans entrave à l’aide et l’évacuation urgente des blessé·e·s.
- Des sanctions ciblées contre les responsables des massacres et leurs soutiens internationaux.
- La saisine de la Cour pénale internationale pour juger les violations graves des droits humains.
- Un embargo total sur les armes à destination du Soudan.
- La conditionnalité stricte de l’aide internationale au respect des droits humains et à la transparence sur l’exploitation des ressources.
- Des programmes d’urgence écologique et sociale pour l’eau, la santé et la sécurité alimentaire.
Les Écologistes appellent la France, l’Union européenne et l’ONU à briser le silence, à agir immédiatement, et à mettre fin à la complicité économique et politique qui alimente ce conflit.
La protection des civils et la défense des droits humains doivent primer sur les intérêts extractivistes et géopolitiques.
Le Soudan ne doit pas devenir le tombeau du droit international.
Il est encore temps d’agir — pour la paix, la justice et la dignité humaine.
Aminata Niakaté, Porte-parole nationale des Écologistes
Les commissions Transnationale et Paix & Désarmement des Écologistes