Octobre rose est-il devenu une campagne de Marketing et de pinkwashing ?
Comment supporter ce défilé de rubans roses, de villes et villages redécorés de rose quand les élu·es qui s’affichent sont les mêmes qui ont soutenu ou voté la loi Duplomb ?
Non seulement cette compassion a quelque chose de cynique, mais cette campagne toute de rose vêtue a quelque chose de sexiste.
Ceux qui arborent fièrement leur ruban rose ont-ils dénoncé les pollutions cancérigènes auxquelles nous sommes quotidiennement exposé·es ?
Quels engagements ont-ils pris pour protéger les femmes des produits toxiques, pour une prévention et une lutte effective contre le cancer du sein ? Ont-ils pris des positions réelles contre les perturbateurs endocriniens, les phtalates, les PFAS, contre les édulcorants cancérigènes, les émissions de dioxyde d’azote ? Qu’ont-ils fait pour interdire la commercialisation de l'acétamipride, du glyphosate et des autres molécules incriminées dans la déclaration de la maladie ?
Faut-il rappeler que, d’après l’OMS, la France est le pays qui détient le plus haut taux d’incidence de cancer du sein dans le monde ? Faut-il rappeler que dans 50 à 60 % des cas dépistés, la maladie serait liée à des causes environnementales ?
Faut-il rappeler que le cancer du sein est hormonodépendant et donc corrélé à l’exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Faut-il rappeler qu’en dépit des campagnes systématiques de dépistages, la réalité des situations reste difficile pour les femmes à la recherche d’un diagnostic ? Que le bénéfice de ces dépistages systématiques reste incertain, puisqu’on estime qu’un cancer du sein sur cinq n’est pas détecté ? Et que, par ailleurs, obtenir un rendez-vous pour une mammographie est, sur certains territoires, un véritable parcours de combattante qui oblige, parfois, à se déplacer dans une ville voisine, à condition d’en avoir la possibilité.
Ce que veulent les femmes, ce n’est pas que les élu·es portent des rubans roses, c’est qu’on cesse de les empoisonner !
Les premières à soutenir financièrement les campagnes sont les grandes marques de l’agro-industrie et de la cosmétique, comme les vendeurs de vernis à ongles. qui commercialisent en toute impunité des produits dangereux mais réalisent des campagnes ostentatoires à coup de rubans roses, du Pinkwashing d’entreprise bon marché pour emballer des produits cancérigènes.
Le cancer n’est pas le fait d’un malheureux hasard, ces causes sont anthropiques et la première est l’exposition aux pesticides (études INSERM, ANSES, OMS). Alors stoppons là cette mascarade qui permet à certains de s’acheter une bonne conscience et agissons vraiment pour protéger les femmes contre la maladie.
Politisons la campagne “Octobre rose” et profitons-en pour dénoncer les dérives de l’industrie de l'agrochimie et de la cosmétique, alerter sur le démantèlement de nos services publics de santé, pour lancer des campagnes de recherche afin d’évaluer précisément les causes environnementales des cancers du sein en France.
Espérons, enfin, que les élu·es au ruban rose ne soient pas les mêmes que celleux qui s'apprêtent à voter le PLF 2026 qui prévoit de réformer le dispositif des ALD (franchises doublées, remboursements limités, sortie possible du régime et suppression des avantages fiscaux) et le droit aux congés longue durée !
Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes
La commission Féminisme des Écologistes