Tunisie : Les Écologistes soutiennent la lutte de Gabès contre la pollution du GCT

Les Écologistes expriment leur plein soutien aux habitant.es de Gabès, en Tunisie, mobilisé.es depuis le 10 octobre contre la pollution dévastatrice infligée par le Groupe chimique tunisien (GCT).

Une fuite massive de gaz soufrés et ammoniacs a eu pour conséquence des hospitalisations, parmi lesquelles de lycéen.nes, pour troubles respiratoires graves, s’ajoutant à plus de 130 cas d’intoxications recensés depuis septembre.

Cette crise sanitaire et environnementale révèle l’ampleur d’un désastre structurel qui frappe cette oasis côtière, qui se traduit par une violation manifeste des droits à la vie et à la santé garanties par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, et du droit humain à un environnement sain réaffirmé en juillet dernier par la Cour internationale de justice.

Depuis 1979, le complexe industriel du GCT, surnommé « El Ghoul » (l’ogre) par la population, déverse des rejets toxiques issus de la transformation du phosphate. Afin de produire des engrais principalement destinés à l'export, il détruit les écosystèmes marins et terrestres environnants. La pêche, jadis prospère, s’est effondrée, tandis que le nombre de cancers et maladies respiratoires explose, touchant particulièrement les jeunes.
Malgré les alertes répétées du collectif Stop Pollution et des communautés locales, le régime de Kaïs Saïed reste inflexible, protégeant un secteur industriel clé (17% du PIB de la Tunisie) et annonçant en mars 2025 un plan pour quintupler la production de phosphate d’ici 2030, une décision climaticide qui aggravera la catastrophe.

Nous saluons la grève générale du 21 octobre, portée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a rassemblé habitant.es, pêcheurs, agriculteurs et salarié.es dans une mobilisation unitaire scandant : « Le peuple veut la fin du GCT ! ».
Ces manifestations pacifiques, marquées par des sit-in et des marches historiques, incarnent une résistance exemplaire face à l’injustice écologique.

Pourtant, le régime répond par la répression : 89 personnes, dont une vingtaine de mineurs, ont été déférées devant le Parquet depuis le 14 octobre, accusées de troubles à l’ordre public.
Kaïs Saïed, qui promettait des mesures comme un hôpital pour soigner les cancers ou l’envoi d’experts chinois, qualifie désormais les protestataires de « comploteurs ».
Cette rhétorique autoritaire, couplée à l’absence de dialogue, expose un pouvoir qui sacrifie la santé publique et l’environnement au profit d’intérêts économiques.
La tragédie de Gabès symbolise l’échec d’un modèle extractiviste mondial, où les profits priment sur la vie des communautés et la biodiversité localement, mais aussi dans les zones où sont finalement répandus les engrais produits.

Les Écologistes appellent l’Union européenne, partenaire clé de la Tunisie, à conditionner sa coopération économique à des engagements concrets pour des normes environnementales rigoureuses et le respect des droits humains.
L’Europe doit amplifier la voix de Gabès pour transformer cette lutte en un levier pour une transition écologique et sociale en Méditerranée.
Gabès doit respirer, et la Tunisie doit embrasser la justice et la durabilité plutôt que l’autocratie.

Rendez-vous dimanche 26 octobre à 15h, Place de la République (Paris) pour répondre à l'appel au rassemblement du Collectif Souffle de Gabès – Tunisien·ne·s de France en solidarité avec Gabès !



Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes

La commission Transnationale des Écologistes