Lettre au Président de la République - Demande d'intervention urgente concernant la détention de Mme Camara

Paris, le 8 octobre 2025
Monsieur le Président de la République,
Nous, élu·e·s écologistes, vous écrivons pour exprimer notre profonde inquiétude à la suite de l’arrestation de vingt-sept ressortissant·es français·es, parmi lesquel·les notre collègue Mélissa Camara et deux élues de l’Assemblée nationale, Alma Dufour et Farida Amrani, intercepté·es par les forces israéliennes alors qu’ils et elles se trouvaient à bord d’un navire humanitaire en eaux internationales, à plus de deux cents kilomètres des côtes palestiniennes. Ces citoyen·nes, engagé·es dans une mission civile et pacifique à destination de Gaza, ont été arrêté·es puis transféré·es en Israël, où ils et elles sont promis·e·s à la détention.
Ces faits constituent une violation grave du droit international, notamment du principe de liberté de navigation en haute mer, garanti par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. L’action des différentes flottilles parties pour rompre le blocus et rouvrir un accès humanitaire à Gaza est parfaitement légitime. Elle s’inscrit dans un contexte dramatique où la population gazaouie subit, depuis de longs mois, les conséquences d’une offensive militaire d’une ampleur telle que la Cour internationale de justice a reconnu l’existence d’un risque plausible de génocide et a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires pour en prévenir la commission. Depuis, une commission d’enquête de l’ONU a confirmé le génocide en cours.
La France est signataire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1948. À ce titre, elle a l’obligation non seulement de prévenir, mais aussi de ne pas se rendre complice, directement ou indirectement, de situations pouvant relever de ce crime.
Notre pays se doit de condamner fermement toute atteinte grave au droit international humanitaire et d’agir pour la protection des populations civiles et des personnes engagées dans des missions humanitaires.
Nous sollicitons votre intervention personnelle auprès des autorités israéliennes afin d’obtenir la libération immédiate de Mélissa Camara et de l’ensemble des ressortissant·es français·es actuellement détenu·es.
Nous vous demandons également que la France exige la pleine transparence sur les circonstances de leur arrestation et de leur détention illégale et veille à ce qu’ils et elles puissent bénéficier d’un traitement digne. Il est impératif que notre diplomatie agisse avec fermeté et clarté pour défendre les principes du droit et les droits de nos concitoyen·nes. À cette fin, nous estimons qu’il serait à tout le moins nécessaire que l’Ambassadeur d’Israël en France soit convoqué sans délai afin de fournir des explications sur ces faits et d’être officiellement interpellé sur le respect des obligations internationales de son gouvernement.
Dans cette affaire, il s’agit d’un devoir moral et d’une exigence républicaine : celle de garantir la protection de toutes les Françaises et de tous les Français, sans distinction, et de faire respecter le droit partout où il est menacé.
Dans l’attente d’une réponse à la hauteur de la gravité de cette situation, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de notre haute considération.
Signataires :
Marine Tondelier, Secrétaire Nationale des Écologistes,
Cyrielle Chatelain, Présidente du Groupe Écologiste et Social à l’Assemblée nationale,
Guillaume Gontard, Président du Groupe Écologiste-Solidarité et Territoires au Sénat,
David Cormand, Président de la Délégation des Écologistes au Parlement européen,
Mounir Satouri, député européen,
Majdouline Sbaï, députée européenne,
Marie Toussaint, députée européenne,
Pouria Amirshahi, député de Paris,
Christine Arrighi, députée de Haute-Garonne,
Léa Balage El Mariky, deputée de Paris,
Lisa Belluco, députée de la Vienne,
Benoît Biteau, député de la Charente Maritime,
Arnaud Bonnet, député de la Seine et Marne,
Nicolas Bonnet, député du Puy de Dôme,
Charles Fournier, député de l’Indre et Loire,
Marie-Charlotte Garin, députée du Rhône,
Damien Girard, député du Morbihan,
Steevy Gustave, député de l’Essonne,
Catherine Hervieu, députée de la Côte d’Or,
Jeremie Iordanoff, député de l’Isère,
Julie Laernoes, députée de Loire Atlantique,
Julie Ozenne, députée de l’Essonne,
Marie Pochon, députée députée de la Drôme,
Jean-Claude Raux, député de Loire Atlantique,
Sandra Regol, députée du Bas-Rhin,
Jean-Louis Roumégas, député de l’Hérault,
Sandrine Rousseau, députée de Paris,
Eva Sas, députée de Paris,
Sabrina Sebaihi, députée des Hauts de Seine,
Nicolas Thierry, député de la Gironde,
Dominique Voynet, députée du Doubs,
Guy Benarroche, sénateur des Bouches du Rhône,
Thomas Dossus, sénateur du Rhône,
Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin,
Yannick Jadot, sénateur de Paris,
Akli Mellouli, sénateur du Val de Marne,
Raymonde Poncet-Monge, sénatrice du Rhône,
Ghislaine Senée, sénatrice des Yvelines,
Mélanie Vogel, sénatrice des Français établis hors de France,
Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon,
Patrick Chaimovitch, maire de Colombes,
Grégory Doucet, maire de Lyon,
Didier Jau, maire du troisième secteur de Marseille,
Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers,
Emmanuelle Pierre-Marie, maire du douzième arrondissement de Paris,
Anne Vignot, maire de Besançon,
Samia Lakehal, trésorière nationale les Écologistes,
François Thiollet, secrétaire national adjoint des Écologistes.