Tenir nos engagements pour l’Ukraine : une nécessité pour la paix
Deux ans après l’invasion russe, le Président de la République a déclaré le 26 février 2024 ne pas exclure l’envoi de troupes occidentales en Ukraine. Pour les Écologistes ces propos sont irresponsables. Cette annonce solitaire et viriliste masque mal la faiblesse des engagements français : des sanctions mal appliquées et un manque de soutien matériel et financier.
Les Écologistes sont des Européens convaincus. C’est à cette échelle que nous pouvons, dans la concertation avec nos alliés européens, répondre aux défis du XXIe siècle et notamment la préservation de la paix et de la démocratie. Celle-ci est menacée par les ambitions impérialistes de Vladimir Poutine qui n’hésite pas à envahir la Géorgie ou l’Ukraine. Et demain ?
La paix doit passer par la victoire de l’Ukraine et le retrait des troupes russes de l’intégralité du territoire ukrainien (incluant le Donbass et la Crimée). Pour cela, nous devons être responsables et non provocateurs. Cette déclaration à visée provocatrice n’est pas à la hauteur des enjeux militaires et géopolitiques. L’envoi de troupes n’est pas et n’a jamais été la demande des autorités ukrainiennes.
Nous devons aider l’Ukraine à gagner cette guerre face au régime sanglant de Vladimir Poutine. Le soutien européen doit être à la hauteur et adapté à la situation d’un front long de mille kilomètres. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de :
1 - Cesser d’alimenter la machine de guerre russe en renforçant le régime des sanctions économiques, en interdisant les exportations vers les pays qui réexportent vers la Russie (notamment en Asie orientale) et en arrêtant totalement les importations énergétiques russes. L'Europe a acheté en 2023 pour 28 milliards d'euros d'énergies fossiles à la Russie. La France doit montrer l’exemple en arrêtant d’importer l’uranium ou le GNL russe. La France est l’un des premiers importateurs de GNL russe et d'engrais. La réforme de la Politique Agricole Commune devrait également adopter une stratégie permettant de se passer des engrais russes qui constituent une importante source de revenus pour le pays.
2 - Augmenter immédiatement l’achat et l’envoi de munitions et d’armes d’origine européenne ou internationale pour soutenir l’armée ukrainienne. Nous avons conscience que ce soutien doit passer aussi par la reconstruction du pays (médicaments, logistique…) mais d’un point de vue militaire, la France ne fait pas sa part ! Avec sa méthodologie rigoureuse, le Kiel Institute estime à 0,6 milliards le montant de l’aide militaire française. Le Gouvernement français prétend lui avoir dépensé 3,8 milliards. Mais l’Allemagne a dépensé 17,7 milliards ou le Danemark 8,4 milliards ! Emmanuel Macron devrait agir plutôt que de pérorer autour d’une table.
3 - Renforcer la base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne afin de fournir les munitions et les armements dont l’Ukraine a besoin dans la durée. Celle-ci devrait être financée par des ressources fiscales propres et non pas par la redirection des budgets affectés à la résolution de la crise climatique ou à la lutte contre les inégalités sociales (via la BEI ou les livrets A). L’Europe ne doit pas sacrifier la résolution des crises climatique et sociale et trouver les moyens propres de ses ambitions géopolitiques.
4 - Utiliser les 300 milliards d’euros d’avoirs russes gelés au profit de l’effort de guerre et de la reconstruction de l’Ukraine comme l’ont proposé Julien Bayou et Benjamin Haddad.
5 - Lutter fermement contre les stratégies d’influence russe pour diviser les opinions publiques européennes. Notre cohésion et notre cohérence sont des facteurs déterminants pour la victoire. L’extrême-droite complice du régime poutinien et les médias d’influence en Europe doivent être combattus fermement et systématiquement. Nous devons d’abord soutenir une presse libre et indépendante et mieux coordonner la task force européenne pour lutter contre la désinformation avec l’action des Etats membres.
6 - Soutenir les militantes et les militants de la Fédération de Russie qui luttent contre la guerre d’invasion en Ukraine sur place ou en exil. Nous devons soutenir les partisans courageux d’Alexei Navalny, les défenseurs des droits humains comme Oleg Orlov, les militants progressistes comme Boris Kagarlitsky, les féministes comme le réseau FAS, les écologistes et les défenseurs des minorités nationales.
Les Écologistes tiennent une ligne cohérente et responsable depuis le début du conflit en 2014. Nous serons toujours aux côtés de celles et de ceux qui s’opposent à la dictature. Le droit international est notre boussole et nous prônons une véritable politique européenne de sécurité et de défense. Telle est la ligne portée par la campagne de Marie Toussaint.