Une journée de Visibilité Trans* en réponse aux violences et aux discriminations

Ce 31 mars, à l’occasion de la Journée de Visibilité Trans*, nous célébrons les trans* vivant·es, en écho au TDoR -Trans Day of Remembrance ou Jour du souvenir trans* du 20 novembre, qui honore la mémoire des victimes de la transphobie. Cette journée est également l’occasion de mettre en avant les sujets trans*. La visibilité comme réponse aux mort·es de la transphobie. Nous savons ce que nous lui devons : il est aujourd’hui bien plus aisé de s'envisager trans*, gay, lesbienne, voire de découvrir et concevoir la transitude avec la visibilité, notamment via les réseaux sociaux. La visibilité constitue alors une réponse politique face aux violences et aux discriminations.

Seulement, il ne peut y avoir de visibilité trans* à tout prix lorsque la visibilité médiatique trans* est historiquement maltraitée, lorsque les personnes trans* sont de plus en plus attaqué·es par une offensive réactionnaire anti-trans* d'une rare violence, comme toutes les personnes ne correspondant pas aux catégories normées de l'extrême droite.

La visibilité ne suffit pas à elle seule. Dans un monde où les droits reculent et où les voix s'étouffent, les années d’espoir que nous avons connues semblent déjà se dissiper. On le constate aux Etats-Unis à travers les politiques violemment anti-trans* de Monsieur Trump, de son administration et de nombreux Etats fédéraux. En Russie et en Ukraine, la peur renaît au travers de politiques de conscription transphobes. En Hongrie, la Marche des fiertés de Budapest est désormais interdite. Ce ne sont que trois exemples parmi tant d'autres.

Face à cela, il est urgent que la France réendosse le rôle de pays œuvrant au sein de la Communauté internationale pour l'amélioration de conditions de vie des personnes trans*, rôle qu'elle a abandonné alors qu'elle était en 2010 la première nation à défendre la dépsychiatrisation des personnes trans*. Lutter pour endiguer le recul des droits et des conditions de vie des trans* – ce sont des conquêtes sociales. Lutter pour contribuer à améliorer les conditions d'existence globales par des politiques sociales (précarité, assurance chômage, retraite, assurance maladie…) et par une politique d'accueil volontariste permettant à toute personne trans* en exil le souhaitant de trouver refuge en France. Elle doit redevenir ce refuge, ce phare, cette voix claire dans la tempête.

Cette journée du 31 mars nous rappelle également que les personnes trans* vivent, résistent et existent chaque jour. Leur visibilité n'est pas cantonnée à deux dates symboliques par an. Elles occupent l'espace toute l’année. Si l'arrivée du printemps est synonyme de beaux jours et de tenues plus légères, il est aussi parfois synonyme de difficultés voire de violences quant aux enjeux de visibilité accrue dans l’espace public ou sur les réseaux sociaux de corps considérés comme anormaux. La lutte pour la visibilité trans*, contre la haine anti-trans*, ne peut se faire sans considérer ces enjeux liés à l'espace. Réaffirmons notre volonté collective de construire une société où chacun·e peut vivre librement, en sécurité, et être reconnu·e, respecté·e.La visibilité, sans justice ni engagement concret, ne suffit pas. Il est temps d'agir.

NB : Nous utilisons la la terminologie « trans* » pour ouvrir le sens en laissant libre le devenir trans*, refusant le « confort de la certitude dans le nom que nous donnons aux choses », citations issue de Trans*, Jack Halberstam, Ed. Libertalia

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles Les Écologistes

La Commission LGBTQIA+ Les Écologistes