SIDA : une pandémie politique, pas une fatalité

Ce vendredi 1er décembre 2023, c’est la 35e Journée mondiale de lutte contre le SIDA. Les Écologistes rappellent que les discriminations font le lit des épidémies et qu’il convient toujours d’apporter des réponses politiques à une pandémie, elle aussi, politique.

En 2022, 38,4 millions de personnes vivaient avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) dans le monde. La solidarité internationale doit être renforcée pour mettre un terme à cette pandémie: respect des droits humains, accès aux soins garantis, aides au renforcement des systèmes de santé…

En 2021, 174 000 personnes vivaient avec le VIH en France.Les personnes étrangères, LGBTQIAP+, travailleuses du sexe (TDS) et usagères de drogues sont particulièrement surexposées au risque de contamination ou aux obstacles dans l’accès au traitement (1).

Les parlementaires, et notamment ceux issus de la droite, débattent avec la loi Asile et Immigration d’une potentielle suppression de l’aide médicale d’État (AME). Il nous semble important de rappeler que la plupart des nouvelles contaminations de personnes nées à l’étranger ont lieu sur le territoire français. De même, les personnes LGBTQIAP+ rencontrent nombre d’obstacles dans l’accès aux soins. Ainsi, la Haute Autorité de Santé rappelait en 2020 que des enquêtes mettent en évidence qu’un tiers des personnes trans renoncent à des soins “à cause de préjugés du personnel soignant”. Les femmes sont très largement invisibilisées, alors même qu’elles étaient environ 40 000 à vivre avec le VIH en 2020 en France.

Les positions dogmatiques qui impliquent une criminalisation – directe ou indirecte – de personnes surexposées n’arrangent rien (2). Il est urgent notamment de dépénaliser l’usage de drogues pour réduire les risques.

En outre, les personnes vivant avec le VIH sont exposées à une discrimination en soi : la sérophobie (3).

Les moyens de prévention existent – information et aller vers, préservatifs, prophylaxie pré-exposition (PrEP), traitement post-exposition (TPE), dépistage fréquent (tous les 3 mois), traitement comme prévention (TasP), seringues à usage unique, etc. – encore faut-il investir dans ceux-ci pour nous donner les moyens d’un monde sans Sida. 

Pour toutes ces raisons, nous, Écologistes, répondrons présent·es aux côtés des personnes concernées et des associations de santé communautaire ce 1er décembre 2023. À nous de traduire dans les institutions, politiquement et à la hauteur des besoins, bientôt 40 ans de luttes !

Sophie Bussière & Aminata Niakaté, porte-parole nationales
Les commissions LGBTQIA+, Immigration et Santé d’EELV



  • 1 - Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021, 51 % étaient hétérosexuelles – 36 % nées à l’étranger et 15 % nées en France – 44 % sont des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) – 32 % nés en France et 12 % nés à l’étranger – 2 % des personnes trans contaminées par rapports sexuels et 1 % des usager·es de drogues injectables.
  • 2 - L’enquête sur l’impact de la loi du 13 avril 2016 de pénalisation des client·es réalisée par Hélène Le Bail et Calogero Giametta a démontré que 38 % des personnes travailleuses du sexe rencontrent plus de difficultés à imposer le port du préservatif.  L’évaluation scientifique de mai 2021, commandée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), confirme que l’accès au structures de consommation à moindre risque améliore sensiblement la santé pour les personnes concernées, avec notamment une baisse des infections au VIH.
  • 3 -  Seul un quart des habitant·es d'Île-de-France, selon un sondage de l'Ifop commandé par Paris sans Sida, savent qu'une personne vivant avec le VIH sous traitement avec une charge virale indétectable ne peut pas transmettre le virus.