Sommet de l’ONU sur les océans : les Écologistes demandent des actions immédiates pour la protection des océans

Alors que le Sommet de l’ONU sur les océans se tiendra du 9 au 13 juin à Nice, les Écologistes demandent des actions concrètes pour leur protection, au-delà des discours parfois creux du Président de la République. L'Océan a un rôle central dans la régulation du climat au niveau planétaire : 90 % de l’excès de chaleur des activités humaines et des gaz à effet de serre y est stocké et la France, avec son deuxième espace maritime mondial, porte une responsabilité majeure dans les négociations et échanges à venir. Voici quelques mesures concrètes et applicables immédiatement que les députés, sénateurs et eurodéputés écologistes porteront au Sommet de l’ONU.
Renforcer la préservation des écosystèmes et protection de nos littoraux
Nous proposons d'atteindre, d'ici 2030, un réseau cohérent d'aires marines protégées couvrant 30 % de nos espaces maritimes, dont 10 % en protection stricte. Ces zones doivent être réparties équitablement sur chaque façade maritime, avec des zones tampons interdisant le chalutage, les activités industrielles et la pêche récréative, afin de préserver les écosystèmes marins et de soutenir la pêche professionnelle artisanale et tenant compte des différents usages du domaine public maritime.
Nos écosystèmes sont les lieux de reproduction d’espèces menacées d’extinction notamment les tortues marines, la législation actuelle qui limite l’activité humaine dans ces zones est insuffisante, aussi, nous proposons de sanctuariser ces espaces par l’interdiction de toute présence humaine pendant toute la période de reproduction.
Transitionner vers une pêche juste et durable
Nous demandons l'interdiction des navires de plus de 25 mètres dans la bande des 12 miles nautiques, afin de protéger la pêche côtière des méga-chalutiers qui exercent une pression considérable sur les ressources halieutiques. La transition d'une pêche dominée par un modèle industriel de chalut de fond vers une pêche plus durable et plus soutenante avec les pêcheurs artisans est une transition des techniques de pêche les plus impactantes à réaliser,
Elle doit être menée en concertation avec les pêcheurs, les organisations implantées sur les territoires, les scientifiques et les acteurs locaux, en soutenant les filières créatrices d'emplois et respectueuses de l'environnement.
Lutter contre les pollutions marines
Face à la pollution plastique, représentant 85 % des déchets marins, nous appelons à une réduction drastique de la production de plastique, à hauteur de 75 % par rapport à 2019, pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C (en accord avec l’Accord de Paris).
Cela implique l'arrêt des subventions aux industries polluantes, une réorientation des financements publics vers des alternatives durables, un renforcement des réglementations sur les emballages à usage unique, un soutien à l'économie circulaire et un engagement citoyen.
Autre source importante de pollution : la pollution chimique. 730 tonnes de pesticides terminent chaque année dans l'Océan. La lutte contre la pollution de l'eau passe aussi par la terre, et la récente loi Duplomb vient aggraver l'intoxication de l'océan.
Pour un moratoire immédiat sur l’élevage de saumons en ferme-usine
Nous demandons un moratoire national sur le développement des projets d’élevage intensif de saumons en circuit fermé. Ces fermes-usines à terre consomment énormément d’énergie, d’eau douce, et aussi de farines de poisson, participant activement au pillage des ressources halieutiques en Afrique de l’Ouest. Ces élevages représentent un risque important de pollution pour les eaux littorales, en raison des rejets potentiels dans la bande côtière, pouvant affecter gravement la conchyliculture et la pêche artisanale locale.
Porter partout une diplomatie bleue ambitieuse
La France a ratifié le traité de la haute mer (BBNJ) le 5 février 2025, marquant un tournant décisif pour la protection des océans au-delà des juridictions nationales. Nous appelons à la mise en œuvre effective de ce traité, en soutenant les pays du Sud dans leurs capacités de surveillance maritime, en encourageant la transparence dans les activités en haute mer et en intégrant la protection des océans dans l'ensemble des accords commerciaux et climatiques. Nous considérons nécessaire de revoir les accords avec les Etats d’Afrique permettant un véritable équilibre de leurs ressources et notamment au bénéfice de leurs populations.
S’opposer avec force au deep sea mining
Nous nous opposons fermement à l'exploitation minière des fonds marins, une industrie risquée qui menace des écosystèmes profonds encore largement inconnus. Nous demandons un moratoire international sur cette pratique et soutenons la recherche scientifique indépendante pour en comprendre les impacts environnementaux. Les efforts doivent se concentrer sur le recyclage des matériaux stratégiques déjà extraits, plutôt que d'exploiter les fonds marins.
Ce sommet est crucial pour l’avenir de nos océans : chaque année, c’est l’équivalent d’un camion poubelle qui est déversé toutes les minutes dans les océans. 30 % des stocks de poissons sont surexploités, et 80 % des récifs coralliens sont menacés, mettant en péril la biodiversité marine et la sécurité alimentaire mondiale.
Nous appelons donc à une mobilisation collective pour préserver nos océans, sa biodiversité qui est également en train de s’effondrer et garantir un avenir durable pour tous.
Mathilde Ollivier, Sénatrice Les Écologistes
Damien Girard, Député Les Écologistes
Mélissa Camara, Députée européenne Les Écologistes
Aminata Niakaté et Eric Piolle, porte-paroles des Écologistes
Les Commissions Mer et Littoral et Outre-Mer des Écologistes