Veiller à la crédibilité du scrutin et soutenir la démocratie en Côte d'Ivoire

Alors que les Ivoirien·nes sont appelé·es à voter pour une nouvelle élection présidentielle, Les Écologistes attirent l’attention sur la gravité du contexte politique, social, économique et écologique qui entoure ce scrutin.

La Côte d’Ivoire traverse une période marquée par des atteintes répétées aux libertés politiques et des tensions sociales profondes. La Commission électorale et le Conseil constitutionnel sont largement contestés par l’opposition et une part importante de la société civile, ce qui fragilise la confiance dans le processus électoral. La candidature pour un quatrième mandat de M .Ouattara dont la légitimité est contestée, les radiations sur les listes électorales, la non-application des règles de révision annuelle et le rejet des candidatures de figures majeures de l’opposition, notamment Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, créent un sentiment d’exclusion et d’injustice. Ces dysfonctionnements alimentent les craintes de dérive autoritaire et font redouter un scrutin sans garanties réelles d’équité.

Le souvenir des violences électorales passées — notamment les milliers de morts en 2010 et les épisodes de 2020 — pèse lourdement sur la mémoire collective et sur la capacité à organiser un vote paisible. Les risques d’escalade sont accentués par la présence de milices, par des pratiques judiciaires et sécuritaires instrumentalisées, et par une paupérisation croissante (coût de la vie, expulsions, chômage) qui alimente colère et radicalisation. Il est impératif de rappeler que tout scrutin dont l’organisation repose sur des institutions mises en cause ne peut prétendre à la légitimité démocratique.

Nous dénonçons par ailleurs le silence, puis le soutien constant d’une partie des autorités françaises à la longévité au pouvoir d’Alassane Ouattara (au pouvoir depuis 2010) et aux mécanismes de la Françafrique qui perdurent dans les relations entre la France et la Côte d’Ivoire. Ce soutien a contribué, de fait, à verrouiller certains équilibres politiques nationaux et à affaiblir les perspectives d’alternance démocratique véritable.

Face à ces dangers, Les Écologistes demandent solennellement aux autorités françaises et à la communauté internationale de veiller à la crédibilité du scrutin et de prévenir tout risque de troubles.

Enfin, au-delà du scrutin, nous appelons à un engagement concret pour une gouvernance démocratique, économique et écologique qui serve l’intérêt du peuple ivoirien : justice sociale, transition écologique, lutte contre la corruption et renforcement des services publics. La France, l’Union européenne et la communauté internationale ont la responsabilité de soutenir une trajectoire démocratique qui respecte la souveraineté du peuple ivoirien et qui rompe avec les logiques de dépendance héritées de la Françafrique.

Les Écologistes réaffirment leur solidarité avec les citoyennes et citoyens de Côte d’Ivoire engagé·es pour la paix, la démocratie et la justice sociale. Nous resterons vigilants et demanderons des comptes aux autorités françaises sur leurs choix diplomatiques pendant et après ce scrutin.


Aminata Niakaté, porte-parole Les Écologistes

La commission Transnationale des Écologistes