Accord franco-algérien : une résolution raciste et dangereuse adoptée par l’Assemblée nationale

Les Écologistes dénoncent une instrumentalisation xénophobe de la question migratoire et un recul historique des droits des ressortissant·es algérien·nes.

Pour la première fois, l’Assemblée nationale a adopté une résolution issue du Rassemblement National. Ce texte, raciste et discriminatoire, attaque frontalement l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, impulsé notamment par la France après les accords d’Evian de 1962 et au regard du besoin de main d'œuvre en hexagone. Cette victoire du Rassemblement national est extrêmement symbolique puisque le fondement même de ce parti repose autour du refus de l’indépendance de l’Algérie par des historiques de l’OAS, notamment.

Sous couvert de “révision” de cet accord, cette résolution vise à restreindre les droits au séjour, à l’emploi et à la protection sociale de dizaines de milliers de personnes, installées parfois depuis plusieurs générations sur le territoire français. Elle porte atteinte à un texte fondateur des relations franco-algériennes et jette l’opprobre sur une communauté déjà trop souvent stigmatisée.

Cette adoption a été rendue possible par l’absence coupable des député·es macronistes lors du vote. Par leur silence et leur désertion, ils et elles ont permis au Rassemblement National d’imposer dans l’hémicycle sa vision nationaliste et racialisée de la société française. Largement votée par les membres des groupes dits “Droite républicaine” et “Horizons”, le vote de cette résolution s’inscrit dans la logique de la porosité toujours plus grandissante entre cette nouvelle droite extrême et de l’extrême droite, grandement facilitée par Bruno Retailleau, ex-ministre de l’Intérieur qui avait fait des Algériens et de l’Algérie son fonds de commerce électoral, déclenchant lui-même des crises diplomatiques entre nos deux pays.

Les Écologistes dénoncent avec la plus grande fermeté cette manœuvre politicienne, qui instrumentalise l’histoire coloniale et les liens franco-algériens à des fins électorales. Nous pensons à nos compatriotes d’origine algérienne, dont les droits et la dignité sont aujourd’hui pris en otage par des discours de haine.

Face à la montée du racisme, du populisme et du fascisme, nous refusons d’être complices. Nous rappelons que l’accord franco-algérien est un texte bilatéral garantissant la stabilité juridique et humaine des ressortissant·es algérien·nes en France et des Français·es en Algérie. Son affaiblissement mettrait en danger non seulement des individus, mais également l’équilibre des relations entre nos deux pays.

Les Écologistes exigent :

  • Le retrait immédiat de cette résolution et la réaffirmation du respect des engagements bilatéraux franco-algériens ;
  • La non-dénonciation de ces accords laissé désormais à la main du Gouvernement et du Président de la République ;
  • La garantie des droits fondamentaux des ressortissant·es algérien·nes en France, sans distinction d’origine ni de statut ;
  • La fin de la stigmatisation politique des personnes issues de l’immigration, qui nourrit le racisme et fragilise la cohésion nationale ;
  • Un débat démocratique apaisé sur les politiques migratoires, fondé sur la justice, l’égalité et la dignité humaine.

La République ne peut céder à la tentation de la division. L’adoption d’un texte raciste par l’Assemblée nationale est un signal alarmant. Nous appelons l’ensemble des forces démocratiques à se mobiliser pour défendre l’égalité des droits et la solidarité entre les peuples.

Aminata Niakaté, Porte-parole nationale des Écologistes
Les commissions Immigration, Antiracisme et Lutte contre l'extrême droite des Écologistes