Lutte contre la pollution plastique : poursuivre les efforts en France, en Europe et dans le monde

Dans notre document “Sortie de crise : le plan des Écologistes” présenté jeudi 4 septembre, nous avons pointé la nécessité d’ “être à la hauteur du défi du siècle”, notamment en luttant contre “la pollution [qui] gangrène nos milieux naturels et notre santé”.
Oui, les écologistes ont arraché une victoire historique avec l’interdiction des PFAS le 27 février 2025. Mais pendant ce temps, les plastiques continuent d’envahir nos sols, nos rivières et nos corps. Et l’État français, lui, refuse toujours d’adopter une stratégie sérieuse de réduction à la source.
L'échec des négociations onusiennes entre 185 pays réunis à Genève mi-août pour aboutir à un traité contraignant sur la lutte contre la pollution plastique illustre la force des lobbies pétroliers et la chaîne économique qui en découle, mais aussi la capitulation des responsables politiques à l'échelle mondiale.
Alors que moins de 10 % des plastiques dans le monde sont recyclés, rappelons que le meilleur déchet plastique est celui qui n'est pas produit : les plastiques recyclables sont de toute façon minoritaires, et deviennent des déchets non dégradables après seulement deux ou trois cycles de vie. Prôner cette solution révèle l'absence de responsabilité politique des principaux pays producteurs de pétrole, qui semblent servir davantage leur industrie pétrolière et financière que l'intérêt commun.
Alors que l'article 20 du projet de traité en discussion à Genève ouvrait la possibilité d'un multilatéralisme à la majorité absolue, les pays pétroliers ont défendu un mode de décision au consensus qui leur accorde en fait un droit de veto.
Or non seulement il s'agit de mettre des limites à la production mondiale du plastique, comme le stipulait l'article 6 du projet de traité discuté à Genève, mais l'état de santé de notre planète, de l'océan planétaire, la plus vaste poubelle du monde, impose de la réduire drastiquement. Nous ne voulons pas d'une planète plastique qui affecte les fragiles équilibres écologiques, la biodiversité terrestre et maritime et porte atteinte à la santé humaine, comme l'explicitait l'article 19 du projet de traité. Le drame se déroule sous nos yeux.
En n'aboutissant à aucun accord, la porte est ouverte à toujours plus de plastiques et toujours moins de place au vivant. Les perspectives ne sont pas à la sobriété mais bien à un doublement, triplement de la production plastique à l'échelle mondiale.
La ministre française de la Transition écologique a fait part de sa colère devant ce blocage du multilatéralisme onusien sur cette question environnementale majeure. Les Écologistes partagent sa déception, mais pensent qu'elle doit être surmontée par un action résolue :
- La France peut prendre l'initiative de l'interdiction progressive de la production et de la vente de contenants plastiques d'usage quotidien qui ne sont en fait que peu recyclés.- Elle peut engager ses partenaires de l'Union européenne, fer de lance de la limitation de la production de plastique lors des négociations de Genève, à intégrer cette limitation dans la législation de l'UE et dans leurs lois nationales.
- Elle peut engager ses partenaires du Conseil de l'Europe à limiter la production de plastiques d'usage quotidien, au nom du droit humain d'accès à un environnement sain récemment proclamé par la Cour internationale de justice.
- La France et l'UE peuvent engager le dialogue avec une centaine d'autres pays dans le monde, avec lesquels des convergences de vue ont été constatées à Genève, pour qu'ils limitent eux aussi la production et la vente de plastiques d'usage quotidien, moyennant un financement de transition octroyé par l'Europe.
Alors que les impérialismes destructeurs de la planète s'expriment de façon débridée, la France et l'UE doivent se saisir de l'échec des négociations multilatérales sur la pollution plastique pour renforcer leur propre législation environnementale, et pour engager avec tous les pays qui veulent échapper aux appétits des empires prédateurs un dialogue constructif en faveur du respect international des droits humains et de l'environnement.
Aminata Niakaté et Eric Piolle
La commission mer et littoral et la commission transnationale