QUATRE QUESTIONS À ANNE VIGNOT, MAIRE DE BESANÇON

Alors que la France a reconnu l’État de Palestine, Anne Vignot, maire écologiste de Besançon, défend son choix d’avoir pavoisé l’Hôtel de Ville aux couleurs palestiniennes dès juin 2025.
Pourquoi considérez-vous cette reconnaissance comme un moment historique ?
C’est un moment historique, que nous attendions depuis si longtemps. L’urgence absolue, c’est le cessez-le-feu, la libération des otages, l’arrêt des massacres et du génocide en cours, et l’arrivée d’une aide humanitaire. J’espère que cette reconnaissance va aider à aller vers la paix
Pourquoi vous semblait-il important de pavoiser le drapeau palestinien à l’heure où personne ne le faisait encore ?
Le drame humanitaire qui se joue en Palestine depuis l’attaque terroriste ignoble du Hamas le 7 octobre nécessitait une réaction, au nom de notre humanité. Quand les traités internationaux sont bafoués, quand la dignité humaine est brisée, c’est une faillite de l’humanité.
À Besançon, une longue histoire nous lie aux Palestiniens. Depuis 2001, nous coopérons avec le camp de réfugiés d’Aqabat Jaber, nos amis et peuple « jumelés ». Au moment où le gouvernement israélien décidait d’exclure l’UNRWA, en janvier 2025, nous recevions une délégation du camp à l’ouverture de notre conseil municipal. Alors il nous a semblé juste et nécessaire de marquer notre solidarité pour la Palestine, de demander la paix, de la même façon que nous l’avons fait pour l’Ukraine.
Nous avons hissé le drapeau palestinien le 23 juin 2025, alors que le président Emmanuel Macron avait annoncé sa détermination à reconnaître l’État de Palestine, que la famine s’installait à Gaza, et que des manifestations importantes avaient lieu en Israël pour demander le retour des otages et le cessez-le-feu.
Que s’est-il passé suite à ce pavoisement ? Comment expliquez-vous la décision de justice et du préfet qui s’en est suivie ?
Le préfet du Doubs a saisi le tribunal administratif en référé, au motif que nous ne respections pas le principe de neutralité. Pourtant, le président de la République avait déjà annoncé son intention de reconnaître l’État de Palestine à l’ONU. Nous étions donc en accord avec les positions de la France.Le tribunal a pourtant jugé que nous portions, par ce geste, une revendication politique, et que nous devions donc enlever le drapeau.
Nous avons bien sûr respecté cette décision, avons enlevé le drapeau palestinien et levé le drapeau blanc, pour continuer à demander la paix.
Comment expliquez-vous ce double standard ? Pourquoi tant de polémiques alors que le drapeau de l’Ukraine a été pavoisé dès les premières semaines de la guerre ?
Je continue à penser illégitime l’ordonnance du tribunal administratif de Besançon de juin 2025, et plus encore le télégramme du ministre démissionnaire Retailleau aux préfets, alors que la France a officiellement reconnu l’État de Palestine ce 22 septembre 2025.
Sans méconnaître la complexité de la situation, nous devons soutenir un peuple qui subit un génocide.