Face à la menace d'une ruée vers les fonds marins, les Écologistes appellent au respect du droit international et à la protection des océans

Les Écologistes expriment leur vive inquiétude suite au décret signé par Donald Trump le 24 avril, ouvrant la voie à une exploitation massive des fonds marins, y compris en dehors des eaux sous juridiction étasunienne. Cette décision unilatérale contourne l'Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM), seule habilitée par les traités internationaux à réglementer les espaces au-delà des juridictions nationales — traités que les États-Unis n'ont jamais ratifiés. L'administration Trump s'inscrit dans la lignée regrettable du Japon et des Îles Cook, qui ont entrepris des initiatives similaires d'autorisation de l'exploitation minière dans leur Zone Économique Exclusive (ZEE), mais en allant encore plus loin dans l'atteinte à l'intégrité des écosystèmes marins internationaux.
Cette décision étasunienne est écocidaire : elle risque d’avoir des conséquences désastreuses à l'échelle mondiale, tant la santé globale des océans conditionne la survie et la prospérité de toutes les nations. En effet, les méthodes d'extraction envisagées par les industriels provoquent des ravages écologiques irréversibles dans les fonds marins, détruisant des écosystèmes précieux, nourriture privilégiée de centaines de millions d’habitant.es et permettant l’absorption indispensable du Co 2 limitant le réchauffement climatique.
Et ces activités minières sont destinées à alimenter entre autres l'industrie des cryptomonnaies et de l'intelligence artificielle, secteurs très problématiques en matière de durabilité et de climat du fait des effets rebond massifs qu'ils engendrent et des retards qu'ils imposent ainsi à la décarbonation de l'informatique et des services. Les Écologistes s’inquiètent du fait que ce geste étasunien n'encourage d'autres nations à se lancer dans des pratiques similaires, provoquant une ruée vers les fonds océaniques dont la valeur écologique est inestimable pour l'ensemble de la planète.
La France, forte du premier domaine maritime et sous-marin mondial devant les Etats-Unis[1], doit être avec ses partenaires européens une des principales garantes de ces écosystèmes. À 40 jours du sommet Océans de Nice ou UNOC3 (troisième Convention des Nations Unies sur les océans) co-organisé par la France et le Costa Rica, il est impératif de rappeler que les fonds marins internationaux constituent un commun mondial de l'humanité, tel qu'établi par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM). Ce sommet doit voir la mise en œuvre historique du traité BBNJ (Biological Diversity of Areas Beyond National Jurisdiction), visant à protéger la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. L'exploitation minière en haute mer, annoncée par les États-Unis, va à l'encontre des principes fondamentaux de ce traité soutenu par une majorité de nations maritimes.
Les Écologistes exhortent le gouvernement français, co-organisateur de ce sommet, à réaffirmer dès son ouverture l'engagement de la France à ne pas exploiter les minerais des fonds marins et l'importance fondamentale du respect des institutions multilatérales et du droit international. Les Écologistes appellent les États participant au sommet de Nice à s'engager contre toute tentative unilatérale d'appropriation ou d'exploitation illégitime des fonds marins internationaux, réaffirmant ensemble leur détermination à préserver ce patrimoine naturel unique pour les générations futures.
Aminata Niakaté et Éric Piolle, porte-paroles Les Écologistes
La Commission Transnationale Les Écologistes
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[1] Comme les Etats-Unis n'ont jamais ratifié la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CUNDM), leur domaine maritime et sous-marin (fonds marins et sous-sol marin) se limite à leur ZEE (200 milles nautiques). En revanche, la France a bien exercé son droit prévu par la CNUDM et a étendu son domaine maritime et sous-marin au large de plusieurs Outre-mer jusqu'à 350 milles nautiques (extension au plateau continental). C'est pourquoi le domaine français est aujourd'hui légèrement supérieur (11,6 millions de km2) à celui des Etats-Unis (11,5 millions de km2).