Élections municipales en Turquie : entre espoir et déni démocratique

Le 31 mars, avaient lieu des élections municipales en Turquie. A la demande du parti d’opposition DEM (ex HDP, coalition de partis de gauche et écologiste)au gouvernement autoritaire de Recep Tayyip  Erdogan, une délégation internationale d’observation a été missionnée  parmi laquelle des écologistes, la sénatrice Anne Souyris et le conseiller de Paris Jérôme Gleizes présents eux dans la province de Diyarbakir. Là ils ont constaté des faits de violences, entraînant un mort et au moins 6 blessés à Ağaçlıdere ainsi qu’une forte présence militaire. 

Nos pensées vont vers ces victimes ainsi que vers le peuple kurde opprimé. Elles vont également vers le peuple turc qui aspire à la fin d’un régime devenu dictatorial. 

Nationalement, le Parti républicain du peuple (CHP), premier parti d’opposition, est sorti vainqueur des urnes (37,7 % des suffrages exprimés) face au Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir (35,5 %) depuis deux décennies. Grâce à ces résultats, l’opposition a conservé les mairies d’Istanbul et d’Ankara, et a, en outre, réussi à conquérir un grand nombre de municipalités, y compris des bastions de l’AKP. Dans les régions majoritairement kurdes, le parti DEM a largement remporté les élections.

Cette aspiration au changement au sein d’un pays miné par une crise économique et sociale est un véritable camouflet pour le président Recep Tayyip Erdogan et pourrait sonner le début de la fin de son règne autocratique. 

Lors des rassemblements du parti DEM , la foule a scandé en kurde « Femme Vie Liberté ». En réponse à ce  désaveu électoral, le président Erdogan a  accru la répression contre les kurdes, cherchant ainsi à réveiller les sentiments nationalistes d’une partie de la population et de son propre parti.

Ainsi, le parti AKP a destitué Abdullah Zeydan, démocratiquement élu maire de la ville de Van  (avec 55%,48 des votes) pour le remplacer par son candidat qui n’avait obtenu que  27%,17 . Cette décision a été invalidée du fait de la pression internationale.

Nous condamnons fermement tous les actes cherchant à invalider le résultat des élections. Le respect de la volonté du peuple est inhérente  à la démocratie. Nous appelons les démocrates en France et en Europe à dénoncer cette inquiétante usurpation, marquant une nouvelle dérive démocratique de R.Erdogan, à faire respecter les résultats des urnes et à faire cesser la répression envers le peuple kurde.