"À nous de faire naître un chemin d’espoir." Discours de Marine Tondelier

Mes cher·es ami·es,  

 Je vous le dis à chaque fois que l’on se retrouve depuis 1 an, cela fait du bien d’être ensemble, comme en famille. Ce sentiment est évidemment particulièrement prononcé cette semaine. Les disparitions ces deux dernières semaines de compagnons de route viennent nous rappeler ce que nous savons tous : la vie est fragile. Nous leur rendrons hommage à Edwige, à Jean-Marc et à Michèle juste après mon discours. 

Michèle, son départ si soudain, me laisse un sentiment particulièrement étrange et affecte profondément notre mouvement. On connaissait toutes et tous ses qualités, intraitable avec les puissants, proches et accessibles avec tous les autres. Ce qu’elle portait ce n’était pas seulement des combats essentiels mais une façon bien à elle de faire de la politique, qui m’a beaucoup inspirée dans mon engagement, et je sais qu’il en est de même pour bon nombre d’entre vous.  

Nous lui rendrons hommage tous ensemble ici, puis ce soir à l’Elysée Montmartre. Je veux juste que nous ayons ensemble ici une pensée pour elle, ses proches, familles et amis, son équipe, avec laquelle elle avait dîné jusque tardivement la veille, et ses collègues au Parlement européen.  

Je lui rendrai plus officiellement hommage dans mon discours de ce soir mais comme ici nous sommes en famille. Merci Michèle Merci pour tout. Et merci à vous pour tous les hommages que vous lui rendrez dans les jours qui viennent. 

J’avais prévu aujourd’hui de faire ici le bilan de cette première année de mandat et ce ne sera pas sans difficultés tant l’absence de Michèle, d’Edwige, de Jean-Marc nous pèse. 

Ni pour vous de le partager parce que clairement on n’a pas la tête à ça. Mais je sais aussi ce qu’elle nous aurait conseillé : de continuer.  Et puis il se trouve, et elle y tenait aussi, que EELV c’est la démocratie interne et que cela signifie de revenir vers vous régulièrement pour vous rendre des comptes.  

C’est ce que je vais faire ce matin. J’aurais l’occasion de tenir un discours plus politique ce soir au meeting de Marie auquel nous nous donnons tous rendez-vous.

Alors qu’avons-nous fait depuis un an ? Quel est le bilan de cette première année de mandat ?

D’abord nous avons réussi ce qui n’avait pas été fait depuis longtemps : et que les Français·es attendent de nous : l’unité au congrès, sur la base d’une feuille de route claire, et surtout on a maintenu cette unité depuis le congrès ! Un congrès réussi alors que tous les commentateurs expliquaient que les Verts allaient encore s’écharper et qu’il était peu probable que nous arrivions à  sortir de l’ornière. 

 Cette équipe solide et solidaire, comme vous savez que j’aime le dire, s’est mise au service des engagements listés dans la motion et la feuille de route  que nos militant·es ont voté à Rungis il y a un an.

Voici notre bilan : 

 Concernant l’interne du parti pour commencer. Première chose, et nous pouvons en être fiers, nous avons un parti sain financièrement : nous n’avons plus aucune dette ! Ce qui ne nous était pas arrivé depuis l'élection présidentielle de 2012 et n’est pas le cas de tous les partis politiques de ce pays, c’est même plutôt une belle originalité. La gestion saine des dernières années et la générosité qui nous a permis de récolter 3 millions de dons reçus après l’élection présidentielle, nous mettent dans une position inédite : plus de dette ni vis-à-vis de banques ni vis-à-vis des régions. Je pense que ça s’applaudit et merci à toutes celles et ceux qui y ont contribué ! 

Cet équilibre financier retrouvé nous permet de renforcer notre équipe, notamment avec les recrutements récents d’un directeur du projet, Emmanuel Bodinier, d’une cheffe de cabinet, Carolina Faye (qui a ou est en passe de quitter ses mandats internes), et d’un directeur de la communication et de la mobilisation, Wilfried Maurin. 

Cela nous change là vie, pour tout vous dire, je ne sais même pas vraiment comment on a fait jusque là, avec seulement 6 salariés au siège, de qualité certes, mais vraiment trop peu nombreux, lorsque nous avons pris nos fonctions il y a un an. D’autres recrutements ont été validés par le BE, les fiches de postes sont en cours de rédaction avec les membres du BE référents qui seront pilotes des recrutements liés à leur délégation, comme ça a été le cas pour les 3 personnes citées juste avant. 

D’ici le début de l’année 2024, nous serons donc au complet, et nous vous proposerons un organigramme complet et un “qui fait quoi”, que les fonctions et vos interlocuteurs soient connus de vous selon les situations et les besoins.

Nous nous étions également engagés à refonder notre mouvement, et ça aussi nous l’avons fait. 

Cette refondation est déjà en partie un succès. Outre le processus grâce auquel nous avons beaucoup appris, cela attire. Nous sommes désormais plus de 160,000 Écologistes. Dont près de 40,000 qui sont arrivés depuis le lancement du processus.

160 000 à nous former, à nous informer, à agir, à militer, à travailler le projet et à le porter dans toutes les institutions où nous comptons des représentants. Et vous savez quoi ? Ça n'est qu’un début.

Je ne vais pas vous refaire le discours de la Cité fertile du 14 octobre dernier mais soyons fiers de cette méthode qui nous a permis de nous ouvrir, qui nous a obligés à avoir enfin les outils dont on a besoin pour animer un mouvement ambitieux comme le nôtre  :  nouveaux sites internets pour le national et les régions, nouvelle plateforme de mobilisation, nouvelle application mobile. Je veux en profiter pour remercier les Secrétaires régionaux, et tous les Bureaux exécutifs régionaux, les cadres de ce mouvement, qui ont joué le jeu du changement d’outils, y compris en étant au rendez-vous financièrement. 

Le changement ce n’est jamais simple. Et nous ne sommes pas encore au bout, on le sait. Chaque responsable de Groupe local, chaque responsable de commission, chaque membre d’une instance, chaque militant devra être formé. Les Secrétaires régionaux l’ont été ces dernières semaines. Un calendrier est prévu pour que ces formations continuent et que chacun puisse en bénéficier. C’est un travail de fourmi mais c’est un vrai investissement que nous prendrons le temps de faire ces prochaines semaines parce qu‘il portera ses fruits dans les semaines et les mois qui viennent.

La bonne nouvelle, c’est que la campagne européenne, avec laquelle nous travaillons vraiment en bonne intelligence, et je les en remercie, a accepté que nous partagions les mêmes outils entre le mouvement et la campagne, ce qui sera plus simple pour tout le monde et qui permettra de maximiser les co-bénéfices entre le déploiement du nouveau mouvement et la campagne que nous nous apprêtons à lancer.

Nous sommes désormais au stade de l’adaptation de nos statuts. Le Conseil fédéral a fixé un cadre clair, et je vais vous dire ça bosse ! Le Groupe des Nouveaux Statuts (GNS !) s’est réuni en présentiel il y a deux semaines, et s’apprête à le refaire demain et bien j’avoue à ma plus grande surprise, que oui, l’on peut bosser au consensus sur les statuts dans ce parti ! Merci à toutes celles et ceux qui contribuent à ce que ce travail soit jusqu’à présent aussi constructif que convivial.

Parce que  la  feuille de route  des Écologistes, votée en octobre dernier, est claire, parce qu’elle est légitime car très largement plébiscitée, tout le monde travaille dans le même sens, et c’est précieux, donc merci pour cela aussi. 

Le GNS a recueilli près de 500 contributions des adhérents. Et nous avons préparé 9 questions pour affiner différentes options. Et ce sont les adhérent·es qui vont nous donner leur préférence. Ces 9 questions seront en effet soumises au vote des adhérent·es du 15 au 18 décembre et ensuite le GNS, aidé par un cabinet d’avocats qui a été sélectionné collectivement et nous accompagne dans nos travaux, pourra finaliser les nouveaux statuts qui seront proposés avant la fin du mois de février aux adhérent·es. 

Donc au nom du mouvement je veux remercier François Thiollet pour son travail d’animation qui le fait dans un vrai esprit d’ouverture tout en étant le garant que la feuille de route qui a été adoptée par vous. Et un grand merci à tous les participants, car c’est un gros investissement militant !

Cette année nous avons aussi amélioré nos outils de régulation notamment avec l’audit sur la cellule VSS qu’il nous reste à mettre en œuvre et ce travail trouvera aussi une traduction statutaire. Il va se poursuivre pour que nous ayons des outils de régulation et de protection vraiment à la hauteur dès l’année prochaine.

Nous avons également avancé sur la formation. Outre le lancement des Master Class, l’Académie verte a été pensée, différents parcours créés et le contenu arrive. On est tous et toutes assez impatient·es de pouvoir vous accueillir dans ces nouveaux espaces pour lesquels tout le monde travaille d’arrache-pied.

Je ne vous ai pas tout dit mais le reste vous le savez. Voilà pour l’interne.

Mais figurez vous que la vie politique ne se limite pas à l’interne d’EELV (heureusement d’ailleurs).

En externe, nous avons vécu une année mouvementée. Notamment, pas que, mais notamment, dans les relations avec nos partenaires.  Nous avons tenu une ligne simple : la coopération pour avancer, la désescalade en cas de tensions ! La même que nous plaidons à l’international. C’est ça aussi, la cohérence et la constance des Écologistes.

Cela consiste par exemple à ne pas répondre à chaque provocation ou tweet des uns et des autres. En fin surtout d’un. Parce que le constat, nous l’avions fait il y a un an : Jean-Luc Mélenchon, pas toute la France insoumise, mais Jean-Luc Mélenchon ne voulait plus de la NUPES parce qu’il ne la contrôlait plus. Mais il allait tout mettre en œuvre pour nous faire porter le poids de la division.

Il feint de ne pas comprendre la nature des désaccords : mais elle est claire et a été dite et redite publiquement. Nous ne pensons pas que le bruit et la fureur doivent s’imposer dans des relations entre partenaires. 

Nous, nous pensons que la biodiversité enrichit et que la coopération grandit. La NUPES, source d’espoir au printemps 2022, s’est muée au fur et à mesure de leurs coups de menton et de leurs règlements de compte, en source de désespoir. C’est regrettable. Mais l’histoire n’est pas finie et je remercie les députés écologistes qui continuent et continueront à travailler pour défendre les engagements pris dans la campagne. Cette alliance, notre engagement de juin 2022 nous le tiendrons, pas de problème !

Et pour la suite, à nous de faire naître un chemin d’espoir.  Les difficultés sont nombreuses pour y arriver. Mais nous avons trois certitudes inébranlables : il faudra être unis pour gagner, il faudra que chaque partie de cette union ou coalition soit plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui et il faudra porter un véritable projet de rupture car ce que les Français·es attendent.

Nous travaillons dans ce sens, l’espoir n’est pas forcément encore visible de l’extérieur mais notre détermination est totale et oui je m’y engage, nous trouverons un chemin. 

Depuis un an, collectivement nous avons aussi une grande réussite à célébrer, c’est l’arrivée sur la scène médiatique de nouvelles incarnations. Cyrielle, Marie, Léonore, Mélissa, Sophie, Aminata et beaucoup d’autres : je suis extrêmement fière de ces nouveaux visages de l’écologie. 

 Sachez qu’il s’est aussi passé quelque chose d’assez ironique récemment : Marion Maréchal Le Pen était l’invitée du JT de TF1 pour annoncer être la tête de liste pour les prochaines élections européennes pour Reconquête, le parti d’Eric Zemmour. Donc on les a appelé pour comprendre pourquoi REconquête avait ce temps d’antenne et pas nous.

Ils nous ont expliqué que tout le temps d’antenne des écolos dans les JT de TF1 pour notre parti, avait été pris par les maires écolos.

Et en vrai c’est une excellente chose : ça veut dire que c’est ce que les Français voient de l’écologie à la télé. Plus les embrouilles, plus la tambouille, mais l’écologie en action avec des résultats : des cours d’école refaites, des kilomètres de pistes cyclables, des repas bios et locaux à la cantine, des ilôts de verdure et de fraîcheur, mais aussi le logement comme la métropole de Lyon, et évidemment le social : les tarifs différenciés sur l’eau ou les transports par exemple.

Alors merci, merci les maires !

Et soyons aussi fiers des nouveaux visages de parlementaires que l’on s’habitue à voir dans les journaux ou à la télévision, des visages souvent féminins et jeunes, mais pas que c’est un fait, que les Françaises et Français découvrent de plus en plus et cela me fait extrêmement plaisir.

Ces nouvelles incarnations elles font leur chemin et elles le font en étant associées à des combats.

Car des combats on en a menés cette année. 

Nous ne nous sommes pas ménagés pour lutter à l’Assemblée nationale, et dans la rue contre cette réforme injuste des retraites. Nous n’avons pas gagné cette bataille, le gouvernement est passé en force. C’était légal mais pas légitime pour une telle réforme. Et oui c’est une des raisons qui doivent nous pousser à gagner en 2027 pour revenir sur une réforme qui pénalise les plus fragiles d’entre nous. 

Pour le vivant, la biodiversité, pour une agriculture raisonnée nous avons été présent dans les luttes que ce soit celle pour éviter des grands projets absurdes comme le contournement est de Rouen ou l’A69 ou encore les méga bassines.

Nous avons aussi beaucoup combattu ce gouvernement pour protéger les libertés publiques : celles de manifester par exemple et aussi la liberté d’association Et là les victoires ont été nombreuses : droit de manifester pour demander un cessez-le-feu à Gaza : on a gagné. Dissolution des Soulèvements de la Terre : on a gagné, deux fois, sur le référé et sur le fond, et EELV était co requérant et on a gagné les 2 ! Des victoires sur le fond sur les méga bassines il y en a quasiment tous les mois. 

Et à Poitiers, récemment, la ville dirigée par Léonore Moncond’huy a aussi gagné son procès qui détournait massivement la loi dite séparatisme pour interdire un débat sur la désobéissance civile. Et interdire Léonore Moncond’huy et la ville de Poitiers subventionnent Alternatiba, juste pour un débat lors de deux jours d’événements, sur la désobéissance civile. Oui juste un débat. Là aussi les écologistes ont fini par gagner. 

Depuis des décennies les écologistes utilisent le droit et nous continuerons à le faire car cela nous permet d’engranger les victoires.

Et puis depuis un an on a su faire preuve de constance sur la question européenne.  Mais cela on l’abordera ce soir. 

En juste quelques mots : nous avons la chance d’avoir une tête de liste qui connaît et qui aime ce parti et qui en plus est en parfaite adéquation avec ses valeurs  Nous allons faire une belle campagne tous unis derrière elles, avec, je vous fais confiance, une liste équilibrée qu’a préparé la CPE.

Vous le savez moi les campagnes j’adore ça, alors quand  en plus c’est pour faire élire et réélire les talents qui sont sur cette liste, je ne me ménagerai pas, le Bureau exécutif non plus, vous pouvez compter sur nous ! 

 Je serai absente cette après midi et m’en excuse par avance : je pense qu’il est important que je sois, avec d’autres copains écolos, à la manifestation en solidarité avec le peuple palestinien et pour un cessez le feu immédiat à Gaza. Nous y porterons aussi, outre toutes nos revendications de longue date sur le sujet, et également l’entrée d’enquêteurs de la Cour Pénale Internationale à Gaza.

C’est un combat qu’on a mené, via notamment une pétition et hier j’ai signé une tribune dans Le Monde avec François Ruffin et Rony Brauman. C’est un sujet que j’ai également porté auprès du Président de la République et que je continuerai à défendre.

Je dois ensuite me rendre à Nanterre où je représenterai notre mouvement pour la célébration des 40 ans de la marche pour l’égalité et je vous retrouve toutes et tous ce soir au meeting de lancement de la campagne européenne. 

Vous y serez ? Parfait, moi aussi. Alors à tout à l’heure.

Discours prononcé devant le Conseil fédéral EELV - Samedi 2 décembre 2023
Seul le prononcé fait foi