Marine Tondelier : le discours d'Aubervilliers

Je suis venue vous parler de quelque chose de très important. 

Je suis venue vous parler de ce que l’on entend pas Je suis venue vous parler… de ce qui ne peut d’ailleurs pas parler. 

Je dirais même que je suis venue vous parler … de ce qui ne peut pas voter. 

Vous pourriez trouver ça étrange, en campagne électorale, mais c’est tout le contraire !

Parce que je suis venue vous parler de ce que nous, écologistes, voulons mettre au cœur de cette campagne électorale ! Tout en sachant que personne, non personne ne le fera à notre place. 

Je suis venue vous parler du vivant silencieux

De celui qui disparaît,  là, Sous nos yeux.  

Je suis venue vous parler des 60% d’oiseaux des champs qui ont disparu en Europe en 40 ans. 

Je suis venue vous parler des 80% d’hirondelles qui ne font plus le printemps.

Je suis venue vous parler de la qualité que nous voulons retrouver. La qualité de l’eau, la qualité de l’air, la qualité des sols… La qualité de NOS VIES !

Et puis je suis venue vous parler de nos forêts, de nos montagnes, de nos glaciers, de nos sols, de nos rivières, de nos nappes phréatiques, de nos océans, et des poissons sur ou mal pêchés.

Je suis aussi venue vous parler du triton crêté, du muscardin doré, du grand hamster d’Alsace, et, vous l’avez compris parce que je sais qu’il y a des spécialistes dans la salle, de toutes les espèces menacées par de grands projets inutiles.

Je voulais vous parler aussi de toutes les luttes que l’on a menées. 

A commencer par celles que l’on a gagnées !!! Le Larzac ! Sivens ! Notre-Dame-des-Landes ! Je suis venue vous parler de Rémi Fraisse aussi, de Vital Michalon, de celles et ceux qui y sont restés et que l’on n’oubliera pas, non, jamais. 

Et puis il y a toutes les autres batailles, celles qu’il va falloir continuer: Bure, Sainte-Soline, le Lyon Turin, la LGV ! Et ces terres agricoles et ces arbres menacés par un projet autoroutier, quelque part entre Castres et Toulouse. 

Je suis venue vous dire que les écologistes, non, n’abandonnent jamais !

Je suis aussi venue vous parler d’une autre personne que vous connaissez : René Dumont, qui il y a pile 50 ans, se présentait à la présidentielle. Le premier candidat écologiste ! 

Avec son verre d’eau, il nous avait alertés du fait que bientôt, nous viendrions à en manquer. 

Je suis venue vous parler des moqueries de l’époque, de toutes celles et ceux qui ne comprenaient pas. 

Mais je suis aussi venue imaginer avec vous ce que nous lui dirions aujourd’hui, à René, s’il était encore parmi nous. 

 Vous savez, René Dumont avait écrit ce livre au titre poignant « L'utopie ou la mort ! ». L’utopie ? Mais pourquoi l’utopie René … « Non René, tu n’étais pas utopiste, tu étais … avant-gardiste ! »  

Aujourd’hui nous le savons : les utopistes, ce sont les autres ! Ce sont celles et ceux qui pensent que l’on peut continuer à défier le climat, les écosystèmes et les limites planétaires. 

Nous, les écologistes, ne sommes pas des utopistes, nous sommes des réalistes !

Parfaitement ! Nous sommes des réalistes et donc nous savons que le vote qui aura lieu dans pile 7 jours est vital. 

Alors vous êtes, nous sommes, en campagne, depuis des mois. 

 Et nous entendons disserter partout dans les médias sur le « vote utile ».

Personnellement, c’est une notion qui m’a toujours grandement interrogée…   Mais pas de problème ! Parlons en... 

Vote utile, donc, mais vote utile à quoi ?    

Quoi de plus utile que de faire en sorte que notre planète reste habitable ? 

Quoi de plus utile que de réussir collectivement à atterrir et à réencastrer nos sociétés dans les limites planétaires ?

Quoi de plus utile que de défendre la justice environnementale et donc la justice sociale ?

Je veux bien parler du vote utile, mais en cette période d’équité électorale, pour compenser, je vais devoir vous parler aussi du vote inutile

Le vote pour le ventre mou de l’Europe, par exemple, c’est-à-dire le vote pour celles et ceux qui la dirigent en coalition depuis des décennies : il s’agit de la droite, des centristes et des socialistes européens. Cette étrange assemblage, c’est dans les faits la coalition pour les méga-camions, pour le pacte asile et immigration et pour l’austérité sans prise en compte des besoins de la transition.

Et puis il y a le recordman de l’inutilité : J’ai nommé … Jordan Bardella ! 

Jordan Bardella, c’est un député tik tok. Oui, il a un gros bilan de député européen : il a créé un compte tik tok en 2021. Depuis, il en a fait 301. 301 videos ! 

Mais ça lui prend beaucoup de temps alors son bilan au Parlement européen est assez déplorable. En 5 ans, savez-vous combien de rapports il a rédigé ? ZE-RO ! 

Député tik tok, député tik tok … Député en toc oui !  

Mais le problème, ça n’est pas juste qu’il ne travaille pas : c’est que, comme d’autres, il ne vote pas ce qu’il dit, ce qui lui vaut le doux surnom de #JordanLeMytho. Et pire que ça : ses votes sont nocifs.

Prenons un exemple : la PAC ! Non mais sans déconner, vous les avez vu, là, ces eurodéputés RN et leurs amis ? 

Benoît Biteau s’était battu, lui, en vrai ! 

Alors si vous voulez du vote utile, c’est très simple : il nous suffit d’envoyer au Parlement européen plus de Benoît Biteau et moins de Jordan le mytho !

Oui, tout au long de notre mandat, les députés européens écologistes se sont battus pour nous, pour nos droits, pour notre environnement, pour notre avenir pour nos vies. Ils et elles ont été fidèles à leurs combats, ont enchainé les kilomètres sur les routes et, surtout, sur les rails de France et d’Europe à faire du terrain pour nourrir leurs réflexions et nos actions.  

 Je suis tellement fière d’elles, je suis tellement fière d’eux, de leur persévérance, de leur ténacité, de leur ingéniosité, de leurs valeurs et de leurs méthodes. 

De tout ce qu’ils ont porté, avec constance et cohérence, deux valeurs en perdition dans notre monde politique qui se désagrège. 

De ces votes, parfois arrachés à quelques voix près, comme par exemple sur la loi de restauration de la nature, preuve que chaque député en plus compte ! 

 Alors chers amis, oui, ils se sont battus pour nous, et j’ai envie de leur dire, là tout de suite : maintenant, c’est à notre tour, c’est nous qui allons nous battre pour vous !

Oui, Marie, David, Mounir, Benoît, Caroline et Claude, nous allons tout donner pendant les 7 jours qui viennent et nous allons vous faire rester au Parlement européen !

Et on va même y envoyer des nouveaux copains et copines : Mélissa, Majdouline, Abdoulaye, Priscillia, Amine, Flora, Charles et les autres. 

Comptez sur nous !

Alors là vous vous dites « elle est sympa Marine Tondelier, mais elle veut quand même en envoyer beaucoup de députés européens écolos français. A-t’elle bien regardé les sondages ? ».

Oui, évidemment, Il faut dire qu’il est quand même difficile de les rater, vu qu’on ne nous parle que de ça tous les jours dans chaque interview.

J’en veux d’ailleurs beaucoup à celles et ceux qui ne commentent cette élection que par les sondages. 

 Parce que pendant qu’on fait ça, on ne parle ni des bilans, ni des programmes et on favorise donc celles et ceux qui n’ont ni l’un, ni l’autre ! 

Et vous savez quoi ? Les sondages nous ont toujours sous-évalué aux européennes. Toujours ! 

Beaucoup d’électeurs ne savent d’ailleurs pas encore ni s’ils iront voter, ni pour qui. Alors j’ai confiance dans cette fin de campagne. 

Je vois bien que beaucoup considèrent qu’un parlement européen sans députés écologistes français n’aurait pas de sens. 

Et moi j’ai confiance dans les électrices et les électeurs ! 

Je vais vous faire une confidence : j’ai d’ailleurs plus confiance dans les électrices et les électeurs plus que dans les sondeurs

Alors tout cela étant dit, et je terminerai par là, j’ai une mission pour vous, si vous l’acceptez. Je vous ai parlé au début de ce qui ne pouvait pas parler. Mais vous, vous, vous pouvez parler, Et vous, vous pouvez voter.  

Voter pour tout ce qui ne peut pas voter.

Rachel Carson, en 1962, avait écrit sur « le printemps silencieux », ces printemps privés du chants d’oiseaux, victimes des pesticides. 

Et bien nous, nous allons organiser un printemps bruyant ! 

Un printemps bruyant pour transformer ce soit disant « backlash écologique » en « backlash de la connerie humaine et de l’inaction climatique » ! 

Un printemps bruyant pour faire savoir que chaque bulletin vert mis dans l’urne le 9 juin prochain partout en Europe est non seulement utile, mais qu’il est aussi nécessaire et même vital. 

Nous allons faire du bruit, oui, faire du bruit pour l’écologie. Pour sortir de la torpeur ambiante.  Et on va avoir besoin de vous ! 

Il faut que partout cette semaine, vous en parliez autour de vous !

Que chacun ait conscience que oui, l’écologie est en danger et qu’il n’y a qu’un bulletin pour la sauver. Le bulletin vert ! 

Il va falloir expliquer partout que le vote vert sera un vote pour la justice.  

Un vote pour la vie.

Un vote de résilience. 

Un vote de résistance. 

Alors faites du bruit, Oui, faites du bruit.

Debout l’écologie !  

Debout, en campagne, et à l’action!

Et le 9 juin on vote et on fait voter pour  Marie TOUSSAINT !

Seul le prononcé fait foi