Nouvelle-Calédonie-Kanaky : renouons d'urgence avec l'esprit des accords de Nouméa !
Prise dans une vague de violences qu’elle n’avait plus connue depuis celles meurtrières des années 1980, la Nouvelle-Calédonie-Kanaky vit une phase critique depuis quelques jours, suite à une réforme constitutionnelle initiée il y a quelques mois par le gouvernement français.
Au moment où nous rédigeons ces lignes, nous apprenons qu’un deuxième gendarme est mort d’un tir accidentel.
On compte depuis lundi déjà 5 morts, dont deux gendarmes, ainsi que plusieurs centaines de blessés. Les Écologistes tiennent à adresser leurs condoléances aux familles des personnes décédées, de leurs proches, de leurs collègues et à l’ensemble des citoyen.nes touché·es par ces drames. Ils et elles ont nos pensées fraternelles et notre solidarité sans faille.
Ce mercredi soir, le président de la République a décidé de déclarer l'État d’urgence sur l’archipel avec le déploiement de l'armée et l'arrêt du réseau social Tik Tok sur le territoire. Ces mesures en disent long sur la gravité des faits car elles sont peu courantes pour les régimes démocratiques sur leur propre territoire. Il faut sortir la Nouvelle-Calédonie-Kanaky de cette spirale infernale, et cela ne passera pas par l’interdiction d’un réseau social.
En hexagone, l’Assemblée nationale a adopté mardi soir tard, par 351 voix contre 153, le texte qui élargit le corps électoral. Les député·es Écologistes ont voté “contre”.
Il y a un fait colonial qui visiblement perdure en Nouvelle-Calédonie-Kanaky et la volonté de passage en force par le gouvernement en est la démonstration. Rappelons que le congrès de Nouvelle-Calédonie-Kanaky a adopté le 13 mai une résolution demandant le retrait du projet de loi constitutionnel. Autrement dit, l’instance de gouvernance la plus haute du territoire le demande. Démocratiquement cela doit être respecté. Remanier des corps électoraux sans un accord global dans le cadre d'une commission du dialogue est, aux vues des conséquences, un comportement irresponsable qui met en danger l'ensemble des populations de l'archipel.
Nous rappelons que le corps électoral a été figé par les accords de Nouméa et que son inscription dans la constitution était un acte de la volonté de ne pas le modifier avant la fin du processus d’autodétermination des Néo Calédonien·nes quelque soit le résultat.
Le dégel du corps électoral, qui plus est défavorable au peuple premier, constitue une violation de ces accords.
Nous demandons, de toute urgence, le retrait de ce projet de loi constitutionnelle.
Les écologistes condamnent toutes formes de violences.
Nous appelons le gouvernement à retrouver la raison en mettant en place les conditions d’une reprise de dialogue.
Nous exhortons le gouvernement et le président de la République à retrouver l’esprit et la lettre des accords de Nouméa.
Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole
La commission Outre-mer des Écologistes