Les Écologistes dénoncent l’entrave au droit d’informer des journalistes dans le schéma national des violences urbaines

Les Écologistes expriment leur profonde inquiétude face au « Schéma national des violences urbaines », un document interne du ministère de l’Intérieur élaboré après les émeutes de 2023 et rendu public grâce à un syndicat policier fin août.

Ce guide opérationnel de 52 pages, destiné à encadrer l’action policière en cas de troubles, va jusqu’à indiquer que le statut des journalistes, reconnu dans le Schéma national du maintien de l’ordre et par le droit international, « ne trouve pas à s’appliquer dans un contexte de violences urbaines ». Autrement dit, leur capacité à couvrir et documenter ces événements pourrait être entravée.

Lors de son audition à l’Assemblée nationale, le 10 juin, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait déjà confirmé cette logique, déclarant que « dans le schéma du maintien de l’ordre, on laisse par exemple les journalistes travailler, alors que ce n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux en situation de violences urbaines ».

C’est une dérive extrêmement préoccupante : elle crée une zone d’ombre qui empêche les journalistes de faire leur métier, pour garantir à toutes et tous à une information libre et indépendante. En outre, elle ouvre la voie à des abus, en permettant aux forces de l’ordre d’agir sans contre-pouvoir ni regard extérieur. Enfin, elle met directement en danger la sécurité des journalistes. Il s’agit d’un grave nouveau coup de semonce à l’encontre de l’État de droit qui est censé protéger les citoyen·nes des abus de l'État et de la force publique elle-même.

La liberté d’informer est un droit constitutionnel et une pierre angulaire de la démocratie. La presse ne doit pas être tenue à l’écart, encore moins assimilée à une menace. Restreindre son accès au terrain, c’est imposer un récit unique – celui des autorités – et affaiblir le contrôle citoyen sur l’action publique, la possibilité du débat démocratique.

Les Écologistes exigent du ministre de l’Intérieur :

  • le retrait immédiat de cette disposition inacceptable ;
  • une garantie claire que les pratiques policières respecteront la liberté de circulation et le droit d’informer des journalistes, leur permettant de couvrir pleinement les épisodes de violence urbaine ;
  • que le ministre de l'Intérieur présente les révisions de ces schémas à la commission des lois, pour permettre d'avoir un débat en commission à l'Assemblée (une audition sur le sujet), ce qui obligerait à la transparence.
Dans une démocratie digne de ce nom, les caméras et les stylos ne doivent jamais être considérés comme des armes.

Aminata Niakate et Éric Piolle, porte-paroles des Écologistes

Sandra Regol, députée

La commission Prévention, Sécurité & Tranquillité publique

La commission Démocratie & Institutions des Écologistes

Crédit photo : David Monniaux Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 France