Affaire Lafarge : des militants écologistes traités comme des terroristes

L'arrestation de 17 personnes en Normandie et en Île-de-France, en lien avec l'action menée contre une centrale à béton de Lafarge près de Rouen le 10 décembre dernier, est un nouvel exemple inquiétant de la criminalisation et de l’intimidation des mouvements écologistes. 

Mathilde Ollivier, Sénatrice des Français de l’étranger : “Aujourd’hui, ce sont celles et ceux qui défendent l’intérêt général qui sont en garde à vue à la SDAT. C’est un comble alors que l’entreprise visée par leurs actions, Lafarge, a reconnu avoir financé Daesh”

Parmi les personnes arrêtées, un militant Les Écologistes, 72 ans, retraité, toujours en garde à vue à Évreux. Lundi 8 avril, huit militant·es ont été conduits à la sous-direction antiterroriste à Levallois-Perret, où ils risquent de rester en garde à vue pendant 96 heures. 

Le sénateur Thomas Dossus et la sénatrice Mathilde Ollivier sont allés leur rendre visite et vérifier leurs conditions de détention ce mardi 9 avril. Alors que cette affaire n’est aujourd'hui pas du ressort du parquet de Paris, ni du parquet antiterroriste, détenir les militants écologistes au 4e sous-sol de la Sous-direction antiterroriste à Levallois n'a aucun autre intérêt que l'intimidation. 

Les Écologistes dénoncent la mobilisation de moyens d'exception pour une affaire qui relève du droit commun, si tant est que ce soit illégal alors que l’Etat français a été condamné pour inaction climatique. Il est inacceptable que les autorités utilisent des ressources et des procédures destinées à la lutte contre le terrorisme pour réprimer les actions non-violentes de défenseurs de l'environnement, qui défendent l'intérêt général contre les intérêts particuliers des lobbys industriels, alors que le ciment représente 8% des émissions mondiale de CO2. 

Thomas Dossus, Sénateur du Rhône : “A l'heure où on relève les niveaux de Vigipirate pour faire face au risque terroriste, monopoliser les moyens de la sous-direction à l'antiterrorisme contre des militant·es écologistes est totalement disproportionné.”

 Pour rappel, Lafarge a plaidé coupable pour avoir financé des organisations terroristes en Syrie, dont Daesh responsable des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Lorsque ses dirigeants ont été convoqués par la justice française pour financement du terrorisme, mise en danger de la vie d'autrui et complicité de crime contre l'humanité (une première pour une personne morale), ils l'ont eux été entendus dans les locaux des douanes judiciaires ou de la Préfecture de Paris mais en aucun cas de la SDAT. 

 L’allocation des moyens anti-terroristes de l’Etat sont donc évidemment employés à mauvais escient. C’est une erreur à double titre : empêcher de protéger l’avenir de la planète et détourner les moyens nécessaires à la sécurité des Français·es.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole
Thomas Dossus et Mathilde Ollivier, sénateur·trices